La multiplication des services de covoiturage génère de nouveaux modes d'utilisation et de consommation auxquels les assurances auto doivent évidemment s'adapter. Petit éclairage sur les conséquences de l'émergence de cette facette de l'économie collaborative pour les assureurs. Covoiturage : partage des frais et non rémunération L'option d'arrondir ses fins de mois en transportant des passagers séduit de plus en plus de conducteurs, notamment les plus jeunes. Et pour ce faire, ils ont l'embarras du choix entre Uber, Blablacar, Airbnb et les relativement moins connus Heetch et Drivy. Heetch affirme ainsi que ce sont pas moins de 50,000 trajets qui sont arrangés grâce à son application chaque semaine et assurés par les quelque 5000 chauffeurs enregistrés. Pour ces derniers, être chauffeurs pour Heetch n'est pas un emploi dans la mesure où ce service leur permet de gagner en moyenne seulement 1800 euros par an. Ce chiffre reste très en deçà des 6000 euros annuels fixés comme limite par l'ADEME (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie) entre le " partage des frais " de l'économie collaborative et une rémunération en tant que chauffeur professionnel. Il représente le montant moyen de l'amortissement annuel d'une voiture particulière. Au-delà de ce palier, l'État considère qu'il s'agit d'un salaire et non plus d'une contrepartie financière destinée à aider au paiement des frais de carburant, de péages, etc. Un certain flou autour de l'assurance Pour pouvoir conduire des passagers, le propriétaire d'un véhicule peut théoriquement se contenter de la garantie obligatoire minimale, à savoir l'assurance au tiers. Ainsi, c'est donc la seule assurance du conducteur qui couvre ses passagers. Certaines plateformes comme Blablacar ou Uber vont un peu plus loin en proposant une garantie complémentaire couvrant ces derniers ainsi que le conducteur du véhicule. La FFA (Fédération Française de l'Assurance) a quant à elle estimé " préférable " que chaque assuré se livrant de manière régulière à une activité de covoiturage le déclare à son assureur sans toutefois apporter plus de précisions. Un autre point d'achoppement au niveau des contrats d'assurance concerne la location de voiture de particulier à particulier, une formule qui a également le vent en poupe et pour laquelle chaque opérateur a ses règles propres. OuiCar impose par exemple des limitations géographiques sur les pays dans lesquels il est possible de se rendre avec un véhicule loué, en plus de l'interdiction de l'utiliser pour faire des livraisons. L'assurance de Drivy quant à elle se refuse à prendre en charge les véhicules avec conduite à droite... Il apparait ainsi évident que les contrats d'assurance auto devront à l'avenir tenir compte de ces nouveaux usages, en élaborant des produits taillés sur mesure pour ces nouvelles formes d'économie collaborative.