Les piétons peuvent, en principe, traverser la route en toute sérénité lorsqu’ils empruntent les passages dédiés. Ce n’est pas le cas au Québec. En effet, les conducteurs locaux ont une fâcheuse tendance à ne pas respecter les passages pour piétons. Alain Vadeboncoeur a ainsi lancé une pétition pour dénoncer ce comportement irresponsable et interpeller le public sur l’ampleur du phénomène. Dans un article récent, le site canadien La Presse a indiqué la gravité du non-respect des passages pour piétons au Québec. En effet, durant une journée de dix heures, les journalistes ont constaté que seule une dizaine de conducteurs se sont arrêtés pour laisser les piétons traverser. En revanche, 116 automobilistes étaient clairement en infraction, y compris des policiers. Ce phénomène problématique n’a pas manqué de susciter l’indignation d’Alain Vadeboncoeur, urgentologue, auteur et vulgarisateur scientifique. Il a donc tenu à alerter les citoyens ainsi que les autorités sur ce sujet relevant de la sécurité routière et de la santé publique. Des signalisations claires Par définition, les passages pour piétons sont des zones prévues pour permettre à ces derniers de traverser la rue en toute sécurité. Les autorités ont établi des règles précises et donné diverses consignes sur les pratiques à adopter face à ces éléments de signalisation. Les automobilistes doivent notamment immobiliser leur véhicule pour laisser le ou les piétons passer de manière sécuritaire. D’après le Code de la sécurité routière, cité par le site d’informations canadien l’Actualité : « Lorsqu’un piéton s’engage ou manifeste clairement son intention de s’engager dans un passage pour piétons, le conducteur d’un véhicule routier doit immobiliser son véhicule pour lui permettre de traverser. À un tel passage, le cycliste doit également accorder la priorité aux piétons ». Les automobilistes peuvent être tentés de polémiquer par rapport à cette « intention de s’engager » ou la manière dont les piétons manifesteraient cette intention. Toutefois, dans la pratique, les signes sont généralement faciles à reconnaître. La situation est d’autant plus claire lorsque le piéton s’engage sur le passage. Pourtant, les conducteurs québécois ne semblent pas vraiment y prêter attention. Certaines personnes ont ainsi suggéré d’ajouter des signalisations supplémentaires pour indiquer le passage d’un piéton. Alain Vadeboncoeur a réagi à cette idée sur l’Actualité : « Notez qu’il y a déjà une bonne signalisation, vivante et mobile en plus. (…) Quand un piéton traverse, il y a un piéton qui traverse. Ça veut dire qu’il y a un piéton qui traverse. C’est facile à comprendre ». Alain Vadeboncoeur Une question d’attitude Plus d’un tiers des collisions voitures-piétons et plus de 20 % des accidents mortels se produisent au niveau des passages pour piétons. C’est ce que révèle la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ). Ainsi, de nombreux piétons sont blessés ou même tués en raison du non-respect de ces dispositifs. Par ailleurs, ce phénomène semble surtout se concentrer au Québec. Pourquoi les Québécois ont-ils des difficultés à respecter cette partie du Code la sécurité routière ? Pourtant, les conducteurs dans les autres provinces et les autres pays ont réussi à assimiler un principe simple concernant les passages pour piétons : « Pedestrians have priority » (littéralement, les piétons sont prioritaires). Alain Vadeboncoeur évoque notamment un problème d’origine culturelle, favorisant l’individualisme et l’insouciance des automobilistes de la région (« moi, ma voiture et ma route »). Cette attitude limite la capacité de prendre en considération les autres et empêche d’assimiler le principe même des passages pour piétons. Il faudra ainsi renforcer la prévention, la sensibilisation et surtout l’éducation des usagers de la route pour les habituer à respecter ces dispositifs. De cette manière, les automobilistes, les cyclistes, etc. s’arrêteront systématiquement pour permettre aux piétons de passer en toute sécurité. Ces derniers, quant à eux, devront traverser uniquement aux endroits prévus à cet effet. D’ailleurs, comme l’indique le Code de la sécurité routière : « Lorsqu’il y a une intersection ou un passage pour piétons à proximité, un piéton ne peut traverser un chemin public qu’à l’un de ces endroits ».