Depuis juillet 2014, la loi Hamon permet de changer d’assurance de prêt immobilier durant la première année. Mais dans la pratique, peu d’emprunteurs en profitent. Nous faisons le point sur les freins au changement sur ce secteur. Méconnaissance de la loi Hamon La loi Consommation se voulait révolutionnaire, mais la réalité sur le terrain est toute autre. Le droit à la résiliation annuelle sans pénalités ni frais des assurances automobile ou multirisque habitation (MRH) n’a guère eu d’impact. Même scénario pour le volet assurance emprunteur, notamment à cause d’une méconnaissance de la règlementation par les consommateurs. Une enquête du cabinet de conseil Oliver Wyman révèle en effet que près de la moitié (47 %) des 4000 assurés automobile et MRH sondés n’en ont jamais entendu parler, tandis que le quart ignore son contenu. Procédures de résiliation complexes Pas de bouleversement donc, mais tout de même une progression des changements d’assurances. En juillet 2015, le cabinet Arcane Research a réalisé une étude, dont les résultats montrent une hausse de 16 % du taux de résiliation sur un an. Les raisonsOutre le manque de communication du ministère de l’Économie, la complexité des procédures de résiliation pour les assurés n’est pas étrangère à ce décalage entre les dispositions légales et le marché. En effet, alors que la loi impose au nouvel assureur de prendre en charge les formalités nécessaires au basculement, dans la pratique, celui-ci prend encore plusieurs mois. Réaction urgente des assureurs requise Les consommateurs ne bénéficient d’aucun accompagnement. Malgré l’essor des services en ligne, en ce qui concerne la résiliation d’assurance de prêt immobilier, il n’existe aucun dispositif pour encourager le « switch » : pas de formulaire pré-rempli, pas de signature dématérialisée, difficile recherche d’une offre répondant à leurs attentes, liste peu claire pour les pièces justificatives à fournir. Pour les experts, il appartient aux assureurs de diversifier leur offre et d’adapter leur parcours client afin d’attirer de nouveaux assurés. L’urgence est là, sur un marché à l’évolution très rapide, tant dans la règlementation que les usages, d’autant que la menace des GAFA plane sur la distribution des produits d’assurance. Seuls les assureurs qui auront réussi à préparer le terrain pourront résister à la transition brutale qui s’annonce.