Pour les électeurs, le pouvoir d’achat est l’un des sujets phares de cette campagne présidentielle 2017. 81 % de Français interrogés par Ipsos Sopra Steria estiment en effet qu’ils ont perdu du pouvoir d’achat ces dernières années. Pourtant, les récentes statistiques de l’Insee tendent à infirmer ce sentiment. Reprise du pouvoir d’achat dès 2014 Chaque année, l’institut calcule le pouvoir d’achat des ménages en se basant sur leur revenu disponible brut et l’évolution du prix de leurs dépenses. Et selon ces données annuelles, si 2012 et 2013 ont effectivement été marquées par un recul du pouvoir d’achat, la courbe s’est inversée à partir de 2014. Important À +1,6 % puis +1,9 % en 2015 et en 2016, la progression du pouvoir d’achat a été plus rapide que celle de l’inflation. Toutefois, cette méthode reposant sur des indicateurs nationaux manque de précision. Aussi, l’Insee a également calculé le pouvoir d’achat « arbitrable », où le revenu disponible brut ne tient pas compte des charges « pré-engagées » telles que le loyer, les factures de téléphone, de FAI… Dès lors, les hausses et les baisses sont plus nettes. Ainsi, en 2015, quand le pouvoir d’achat brut était de 1,6 %, la version « arbitrable » le donnait à 2,1 %. La tendance est donc à la hausse, mais son rythme est moindre par rapport aux 2 à 3 % d’augmentation annuelle observée entre 2000 et 2008. Pour l’expliquer, sur cette période, le revenu disponible brut s’appréciait de manière notable, parfois jusqu’à 5 %. Impact inégal des hausses des prix Ce ralentissement explique le ressenti des Français, surtout avec les chutes des deux premières années du mandat de François Hollande, à un niveau jamais atteint depuis 30 ans. Mais surtout, les inégalités se sont accentuées, et les différentes catégories de personnes sont impactées différemment par les évolutions des salaires et des prix. Les ménages les plus modestes sont évidemment ceux qui subissent le plus fortement les augmentations de prix, notamment à cause du poids du loyer, de l’électricité, etc. sur la trésorerie familiale. Malgré une petite valorisation de +3,8 % du SMIC au cours du quinquennat, l’inflation a été plus importante avec +4 % en cumulé, ce qui a causé cette stagnation du pouvoir d’achat des plus modestes. Cela explique l’afflux de dossiers de demandes de rachat de crédit, opération qui consiste à regrouper toutes les dettes en cours d’un ménage auprès d’un seul établissement. Grâce à un taux plus avantageux et une durée de remboursement allongée, les mensualités sont allégées.