Des deux côtés de l’Atlantique, de jeunes actifs continuent de rembourser un prêt étudiant. Le poids de cette dette est tel, que certains se résignent à changer de métier afin de toucher un salaire plus attractif. D’autres sont contraints de se serrer la ceinture pendant plusieurs années, ou renoncer à des projets personnels. Les conséquences de la dette étudiante sur les jeunes actifs américains Aux États-Unis, il est courant de souscrire un prêt étudiant plus ou moins conséquent en fonction de la filière et de l’établissement choisi, mais également de sa situation personnelle. Selon une tribune rédigée par l’universitaire Jean-Philipe Berteau et publiée par Libération, 65 % des Américains contractent un emprunt d’un montant moyen de 30 030 dollars afin de financer leurs études. Jean-Philipe Berteau Pour s’acquitter d’une telle somme, beaucoup voient leur budget mensuel grevé de quelques centaines de dollars pendant plusieurs années. D’autres se retrouvent même en défaut de paiement, faute de revenus suffisants une fois arrivés sur le marché du travail. Et si les formules qui permettent de ne commencer à payer qu’après le diplôme semblent pratiques pendant les études avec des moyens limités, le risque d’impayés existe. Car à moins de décrocher un très bon poste dès son début de carrière, il reste difficile de couvrir les charges courantes et régler ses mensualités. Important Afin d’aider ces jeunes à repartir sur de bonnes bases, le président Joe Biden a annoncé l’effacement partiel de leur dette étudiante. Concrètement, le capital restant dû des jeunes dont la rémunération annuelle est inférieure à 125 000 dollars sera réduit d’au moins 10 000 dollars. La déduction sera doublée pour les bénéficiaires d’une bourse fédérale, signe de la faiblesse de leurs ressources. Cette décision qui fait suite à une promesse de campagne va coûter des centaines de milliards de dollars à l’État. Pour certains experts, « la situation actuelle est la preuve de l’échec de ce modèle ». Un impact financier et social important sur les étudiants français Côté français, la situation est moins dramatique qu’outre-Atlantique, mais ne doit pas être sous-estimée pour autant. Faute de données complètes et fiables, seules des estimations sont possibles. D’après une étude réalisée par l’Observatoire de la vie étudiante (OVE), La part du prêt étudiant sur les ressources n’est que de 2 %. Il contribuerait à hauteur de 479 euros au budget des intéressés, sur un total de 919 euros par mois en moyenne. Il est ainsi devancé par l’apport des parents (42 %), des revenus tirés d’un job (25 %), ou des dispositifs d’aide publics (23 %). La quasi-gratuité des frais d’inscription à l’université (entre 170 euros et 243 euros) explique en partie cette différence avec les États-Unis. Néanmoins, pour certaines licences ou certains masters, les frais peuvent être plus élevés, notamment dans les grandes écoles de management après une hausse généralisée des frais soulignée par la plateforme spécialisée MisterPrépa. D’ailleurs, selon le Bureau national des étudiants en école de management, 57 % d’entre eux sont en train de rembourser un emprunt bancaire. Outre l’aspect financier, les économistes pointent du doigt les inégalités engendrées par les dettes étudiantes, dans la mesure où ceux qui y recourent se tournent souvent vers des professions rémunératrices, mais à l’utilité sociale moindre ».