Les taux d’usure ne pénalisent pas uniquement les emprunteurs. Ce dispositif mis en place pour protéger les consommateurs des abus de la part des banques « gêne » également ces dernières. Dans un contexte de forte hausse de leurs coûts de refinancement, les spécialistes du prêt à la consommation doivent sacrifier une partie de leur marge, voire refuser des demandes. Les taux d’usure pèsent également sur l’activité de crédit à la consommation Les taux d’usure sont en hausse depuis le 1er octobre dernier, ce qui aurait dû donner un peu de marge aux banques et aux souscripteurs de crédit. Seulement, les organismes financiers empruntent eux-mêmes à des taux en constante hausse. Faute de pouvoir respecter les plafonds légaux après intégration des frais fixes et du coût du risque en plus des intérêts, ils n’ont pas d’autre choix que de rogner leur marge ou refuser des demandes. Le crédit immobilier n’est plus l’unique segment concerné. Désormais, le crédit à la consommation aussi est menacé par la fermeture des vannes. Le dernier rapport de la Banque de France pour cette catégorie de financements indique qu’ Au cours des derniers mois, l’écart s’est considérablement resserré entre le taux d’usure et les TAEG appliqués par les banques. Pour rappel, le TAEG ou Taux Annuel Effectif Global inclut tous les frais occasionnés par la souscription du prêt : les intérêts bien entendu, les frais de dossier, les frais de mise en place d’une garantie, la prime d’assurance emprunteur, les commissions des éventuels intermédiaires. Dans le détail, la différence entre les deux types de taux au troisième trimestre 2022 est de 93 points de base (0,93 point de pourcentage) pour les crédits conso d’un montant supérieur à 6 000 €. ImportantEn effet, le taux moyen effectif pour ces contrats qui représentent 40 % de la production totale est de 4 %, contre 4,93 % pour le taux d’usure. L’an dernier, cet écart s’établissait encore à 134 points de base, et en 2019, à la veille de la crise sanitaire, il atteignait 161 points. Recours accru à l’open banking pour préserver l’accès au crédit Malgré la conjoncture, la production de prêts à la consommation est stable. Sur la première moitié de l’année, l’encours a même enregistré une hausse de 2,9 %. Selon une source du secteur, Cette stabilité s’explique par la crainte des banques de s’attirer les foudres de Bercy, même si elles souhaiteraient mettre un frein à leur production. Enfin, pour le ministère des Finances, un accès facile au crédit pour les ménages et les entreprises est un sujet essentiel. ImportantFace à cette situation, les établissements prêteurs renforcent leur protection grâce à un recours accru à l’open banking. Cette technologie leur permet de consulter l’historique des comptes bancaires d’un emprunteur avec le consentement de ce dernier lors de sa demande. Cette précaution améliore leur évaluation du risque et la prise d’une décision pertinente fondée sur des éléments fiables. Ces professionnels expliquent qu’ Une analyse affinée des données simplifie la distinction entre les demandeurs solvables et ceux qui pourraient ne pas être en mesure d’honorer leur dette. Cela permet de maintenir leur production sans trop s’exposer.