Le syndrome des jambes sans repos est caractérisé par différents symptômes désagréables, parfois douloureux. La pathologie peut donc nuire gravement à la qualité de vie d’un individu. Selon une étude récente de chercheurs de la Penn State University, les personnes souffrant de cette maladie présentent plus de risque de s’automutiler et de se suicider par rapport à la moyenne. Les symptômes du syndrome des jambes sans repos peuvent prendre plusieurs formes selon le patient et la gravité de son état. Également appelée maladie de Willis Ekbom, la pathologie se manifeste le plus souvent par des fourmillements, des picotements, des démangeaisons ou encore des contractures. Le patient peut aussi ressentir des brûlures ou des décharges électriques soudaines dans les jambes. Actuellement, 2 à 8 % des Français souffrent de cette maladie. Ils doivent vivre au quotidien avec ces manifestations physiques pénibles, douloureuses, voire handicapantes. Ainsi, des recherches récentes démontrent l’impact non négligeable de ce syndrome sur le mental des personnes affectées. Leur état peut même mener à l’automutilation ou au suicide. Une population trois fois plus exposée au suicide Au cours de leurs observations, les chercheurs ont constaté que le syndrome des jambes sans repos s’accompagnait souvent d’un risque de mortalité plus élevé. Toutefois, les auteurs de l’étude ne parvenaient pas encore à dégager la corrélation entre les deux phénomènes. L’équipe a néanmoins fini par établir un lien entre la maladie et le risque de suicide ou d’automutilation grâce à des données fournies par le Truven Health MarketScan. Après analyse, les scientifiques ont remarqué que les personnes souffrant du syndrome des jambes sans repos étaient plus sujettes à l’automutilation et au suicide. Ces malades présentaient 270 % plus de risques d'automutilation ou de suicide par rapport à un sujet non touché par la pathologie. Par ailleurs, ce taux n'a pas diminué, même en considérant d’autres éléments déterminants comme les troubles du sommeil, la dépression et certaines maladies chroniques. Selon le professeur Muzi Na, coauteur de l’étude menée à la Penn State University : Après avoir tenu compte de ces facteurs, nous n'avons toujours pas vu l'association diminuer, ce qui signifie que le syndrome des jambes sans repos pourrait toujours être une variable indépendante contribuant au suicide et à l'automutilation. Muzi Na Cependant, l’équipe de chercheurs devra procéder à des analyses supplémentaires et nettement plus approfondies afin de corroborer ces premiers constats. Comme le souligne le professeur Muzi Na : Nous ne connaissons toujours pas la raison exacte, mais nos résultats peuvent aider à façonner la recherche future pour en savoir plus sur le mécanisme. Muzi Na Tendance liée au syndrome des jambes sans repos En tant que pathologie reconnue, le syndrome des jambes sans repos est en principe pris en charge par la mutuelle obligatoire. Cela dit, les personnes touchées ne mesurent pas nécessairement les risques associés à leur condition. Selon l’étude récente menée à la Penn State University, les différents symptômes du syndrome des jambes sans repos n’affectent pas seulement le sommeil des malades. Ils nuisent aussi à la qualité de vie des personnes touchées et peuvent même conduire à l’automutilation ou au suicide dans certains cas. Comme l’explique le professeur Xiang Gao, spécialiste en sciences de la nutrition et directeur du Nutritional Epidemiology Lab de la Penn State University : Notre étude suggère que le syndrome des jambes sans repos n'est pas seulement lié aux conditions physiques, mais aussi à la santé mentale. Xiang Gao Par conséquent, ses conséquences dépassent largement le cadre des manifestations physiques, comme les médecins le pensaient jusqu’à présent. De plus, selon le professeur Xiang Gao : Et comme le syndrome des jambes sans repos est sous-diagnostiqué et que les taux de suicide augmentent, ce lien sera de plus en plus important. Les cliniciens doivent être prudents quand ils examinent les patients pour le syndrome des jambes sans repos et le risque de suicide. Xiang Gao Xiang Gao Ces conclusions ont été publiées dans la revue JAMA Open Network. Pour y parvenir, les scientifiques ont analysé les données médicales de 200 000 personnes de 2006 à 2014. Parmi ces patients, 24 179 ont été diagnostiqués comme souffrant du syndrome des jambes sans repos.