Dans un jeu subtil de non-dits, l’exécutif et les assureurs gardent jalousement leurs cartes quant à la perspective d’une augmentation tarifaire en 2024, en dépit de leurs engagements passés. L’an dernier, les assureurs avaient promis au gouvernement, par le biais de Florence Lustman, de maintenir autant que possible la hausse des primes moyennes d’assurance auto et habitation en deçà de l’inflation pour 2022 et 2023. Un engagement qui a globalement été tenu. Mais que réserve l’année 2024 aux assurés à l’heure où le ministre de l’Économie soutient le pouvoir d’achat des Français ? Une annonce non officielle qui laisse perplexe Le 31 août dernier, Bercy a annoncé à L’Argus son intention de renouveler son appel aux assureurs pour contenir autant que possible la flambée des prix de l’assurance auto et habitation. Pourtant, le subtil message du ministre de l’Économie et des Finances semble rencontrer un écho plutôt discordant auprès des compagnies. À ce jour, aucun rendez-vous officiel n’a été programmé pour cet automne, alors que l’inflation a grimpé à +4,9 % fin septembre. Interrogée par L’Argus, France Assureurs maintient son engagement de mettre en œuvre tous les moyens nécessaires pour limiter la hausse des tarifs en dessous de l’inflation sur la période 2022-2023. Néanmoins, cela n’a pas dissipé le doute entourant les contrats en cours de révision en vue de l’année prochaine, qui parviennent déjà aux adhérents alors que les précédents contrats arrivent à leur terme. L’inflation et la hausse de la sinistralité en cause Depuis plusieurs mois, les assureurs spécialisés dans les sinistres anticipent une inéluctable augmentation des primes. Cette prévision découle de l’accumulation de divers facteurs, tels que les aléas climatiques, les émeutes urbaines, la hausse des coûts liés à la construction et aux réparations, ainsi que la croissance des frais associés à la réassurance en cas de dommages. ImportantSelon les calculs du cabinet d’actuariat Addactis France, les coûts de l’assurance habitation pourraient augmenter de +5,5 % à +7,5 % en 2024 afin de faire face simultanément à l’inflation et à la multiplication des sinistres. En ce qui concerne l’assurance auto, une hausse d’environ +4 % à 5 % est également à prévoir. Cet assureur déclare sans équivoque que les compagnies sont libres d’appliquer leur politique tarifaire au 1er janvier 2024. Il serait impensable que l’Exécutif continue d’exercer une pression sur les assureurs. De plus, l’année précédente, les assureurs avaient demandé à Bercy de tenir compte de l’utilisation de pièces détachées d’occasion, moins onéreuses, en échange de leurs efforts pour modérer les tarifs. Cependant, selon leur point de vue, les résultats ne sont pas à la hauteur. Les assureurs attendent également des concessions de la part du ministère de l’Économie concernant la mise en place d’une filière de réutilisation. Pour le moment, il semble que le dossier n’ait guère progressé. A retenir Alors que le ministre de l’Économie défend le pouvoir d’achat des Français, une question cruciale reste en suspens : les assureurs maintiendront-ils leur engagement de contenir les augmentations de primes en deçà de l’inflation pour les contrats renouvelés au 1er janvier 2024 ? Le flou persiste, tant du côté du gouvernement que des compagnies d’assurance, qui évitent soigneusement de rendre public tout ajustement tarifaire pour 2024. Pourtant, un scénario de hausse des tarifs se profile à l’horizon, ce qui marquerait une rupture par rapport à la tendance observée au cours des deux dernières années.