Sans grande surprise, les ménages français ont ressenti davantage de difficultés à rembourser leurs crédits depuis l’apparition de la Covid-19 et la crise sanitaire et économique qui en a découlé. Un professionnel du secteur s’est penché sur l’aptitude des ménages à faire face au remboursement de leurs crédits et a constaté que les prêts à risque se sont multipliés au deuxième trimestre. Plus de 10 000 demandes de report d’échéance par jour Jusqu’au premier trimestre 2020, la machine du crédit tournait plutôt bien. Avec des conditions d’emprunt très favorables, les ménages s’endettaient un peu plus, mais les défauts de remboursement étaient rares. Puis, la Covid-19 est arrivée. La pandémie a contraint les autorités à décréter le confinement et l’arrêt de toutes activités professionnelles. Pour les ménages, cette paralysie de l’économie est synonyme de baisse conséquente de revenus, rendant le remboursement des crédits de plus en plus compliqué. Algoan, la fintech à l’origine de l’étude, s’est appuyée sur les données fournies par un agrégateur de comptes pour voir à quel point cette crise a bouleversé le remboursement des crédits. Pour ce faire, elle a établi trois cas de figure pour définir la situation des ménages face au remboursement. D’abord, il y a ceux qui ont été peu impactés et qui ont pu payer leurs mensualités sans encombre. Ensuite, il y a ceux qui ont sollicité leur banque pour demander un report d’échéances. Enfin, il y a ceux qui ont été pris à défaut, qui n’ont tout simplement pas pu payer leur dette. Important Au mois d’avril, le nombre de créances douteuses (les deux derniers cas de figure) a été multiplié par trois, par rapport au premier trimestre. La situation s’est encore aggravée en mai et en juin. Les banques ont constaté 4 fois plus de dossiers risqués. Un indice très parlant illustre bien les difficultés des ménages : au plus fort de la crise, les banques ont enregistré jusqu’à 10 000 demandes de report d’échéances par jour, alors qu’elles n’ont recevaient presque jamais avant l’apparition du coronavirus. La baisse globale de -10,4 % du revenu des ménages au deuxième trimestre n’y est sans doute pas étrangère. Les banques face à un dilemme Les établissements bancaires sont appelés à être des acteurs majeurs de la relance économique post-Covid. Il leur sera demandé de soutenir les entreprises, mais également les ménages, notamment en gardant des conditions de prêt peu contraignantes. Mais les banques ont aussi souffert de la crise et doivent faire preuve de vigilance pour ne pas dégrader davantage leur santé financière. Dans leur volonté de minimiser les risques, elles vont être obligées d’exclure les ménages les plus vulnérables du marché du crédit à la consommation.