Les mesures de soutien aux ménages mises en place par le gouvernement fédéral américain cachent le réel impact de la crise sanitaire. De plus, la faculté de report de paiement sans impact sur la note de crédit prive les investisseurs d’informations sur la capacité de remboursement réelle des emprunteurs. La capacité réelle de remboursement des ménages occultée par les mesures exceptionnelles À cause du confinement, des millions d’Américains sont au chômage partiel ou total. Important Afin d’alléger leur charge financière, la loi autorise les détenteurs de prêts hypothécaires à suspendre leurs remboursements pendant une période pouvant aller jusqu’à 12 mois, et ce sans impact sur leur note de crédit ou le taux de défaut du prêteur. D’autres fournisseurs de crédit à la consommation – cartes de crédit, prêts automobiles, prêts personnels – accordent trois mois ou plus de reports de paiement sans que les clients aient à justifier de difficultés financières. Pour les investisseurs, ces dispositions impliquent de faire des projections sans données fiables concernant les retards de paiement et annulations de dettes au cours des mois et années à venir. Important Avant l’apparition de Covid-19, les experts observaient des tendances inquiétantes, notamment un taux de défaut sur les prêts autos et des dettes sur cartes de crédit sont en constante augmentation depuis 2017. Pas de visibilité sur l’évolution du marché du crédit Le flou demeure également concernant l’évolution du crédit. Selon le rapport trimestriel de la Fed de New York, au début de la crise, L’endettement des ménages s’élevait à 14,3 billions de dollars, soit 1,6 billion de plus qu’au moment du pic de la crise de 2008. Mais Visa et MasterCard, qui exploitent les plus grands réseaux de paiement par carte, annoncent une baisse d’environ 30 % des dépenses par carte de crédit pendant la majeure partie du mois d’avril. Les prêts à la consommation non garantis, quant à eux, sont inférieurs de 8 % à leur niveau d’il y a à peine six semaines, effaçant ainsi deux années complètes de croissance des prêts. Des emprunteurs prudents, mais majoritairement toujours solvables Selon les estimations d’Autonomous Research, Environ 6 % des prêts hypothécaires, et pratiquement la même proportion de dettes sur cartes, sont en suspens. Pour les analystes, ces chiffres ne sont pas excessifs, si l’on considère que la majorité de ces emprunteurs reprendront leurs remboursements après la crise, car différé ne signifie pas insolvabilité. La plupart des prêteurs hypothécaires indiquent d’ailleurs que Quelque 10 % de leurs emprunteurs ont négocié une suspension, mais la moitié d’entre eux ont quand même effectué leurs paiements d’avril. Des chiffres similaires émergent sur le segment des prêts non garantis sans carte. De même, en matière de prêts destinés à la consolidation de dettes sur cartes de crédit, après un pic, les demandes de report de paiement ont ralenti ces dernières semaines. Certains emprunteurs auraient même recommencé à payer, après résolution d’une difficulté temporaire ou à réception du chèque d’aide du gouvernement. D’après Lending Club, acteur majeur du secteur, Les clients qui ont demandé un report de paiement sont majoritairement solides. Plus de 90 % d’entre eux étaient à jour de leurs paiements au moment de la soumission de leur demande, et près de 80 % n’avaient jamais été en défaut de paiement auparavant. Le prêteur en conclut que « leur démarche semble davantage guidée par la prudence que par le désespoir ». Néanmoins, il faudra la fin des mesures spéciales pour découvrir le réel impact de la crise sur les consommateurs.