Selon une étude de l’Insee, réalisée sur 16 années, la position des individus sur l’échelle des revenus varie peu au cours de leur vie. Et ce, qu’ils soient situés en haut ou en bas de cette échelle. Décryptage. L’ascenseur social est-il en panne ? Une étude de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) appuie cette thèse. Après avoir mesuré les données fiscales d’un panel d’individus entre 2003 et 2019, l’institut statistique fait le constat suivant : les revenus d’une personne une année donnée déterminent fortement ceux qu’il aura près de deux décennies plus tard. L’importance du diplôme en France En effet, plus les individus étaient situés haut dans l’échelle des revenus en 2003, plus ils avaient des chances d’y demeurer en 2019. Et la réciproque est également vraie. Car “parmi les 20 % les plus modestes en 2003, 62 % des individus sont aussi parmi les 20 % les plus modestes en 2019, et 2 % seulement effectuent une mobilité très ascendante vers les 20 % les plus aisés”, précise l’Insee. L'inertie est donc particulièrement visible pour les hauts et les bas revenus. Et plus élevée en France par exemple qu’aux Etats-Unis. En cause notamment, l’attachement des employeurs français au diplôme. « Le diplôme initial a un énorme impact » sur l’emploi et donc sur le revenu, confirme au Parisien Lionel Wilner, responsable de la division redistribution et politiques sociales à l’Insee. Peu de promotions internes dans l’Hexagone De manière générale, les pays anglo-saxons font mieux que nous en termes de mobilité sur l’échelle des revenus. Car comme le souligne l’économiste Henri Sterdyniak au Parisien, certes « il y a moins de protection sociale et un droit du travail plus léger qu’en France, ce qui favorise la mobilité à la baisse ». Mais en même temps, « il y a plus de gens qui créent leur entreprise et réussissent » outre-Atlantique, ce qui favorise la mobilité vers le haut », poursuit-il. Par ailleurs, la mobilité des travailleurs sur l’échelle des revenus est également plus élevée dans les pays scandinaves que dans l’Hexagone. Car « en France, dans les entreprises, il y a très peu de promotions internes. La carrière est tracée d’avance et les salaires plutôt figés », conclut l’économiste. Des jeunes plus mobiles géographiquement et sur l’échelle des revenus... Certaines catégories d’individus réussissent pourtant à gravir l’échelle sociale. C’est notamment le cas des plus jeunes. Mais d’après l’Insee, cela s’explique seulement par le fait que « les jeunes ont en début de période des revenus plus faibles que le reste de la population étudiée ». Et que mécaniquement, grâce à l’ancienneté, leurs revenus vont s’accroître. Autre explication : les jeunes ont “des contraintes personnelles moins fortes”, et son donc “plus mobiles géographiquement”, explique Lionel Wilner. Ils vont ainsi moins hésiter à changer de résidence pour se saisir d’une opportunité professionnelle plus rémunératrice. Et potentiellement se rendre en Île-de-France, où le taux de chômage s’élève à 6,9 %, contre 8,7 % dans les Hauts-de-France par exemple. Néanmoins il est tout de même possible d'obtenir un credit avec un petit revenu. … Tout comme les indépendants Parmi les catégories de personnes les plus mobiles également, on trouve les indépendants. Ce qui a un impact sur leur mobilité sur l’échelle des revenus, en comparaison avec les salariés. En effet, l’étude révèle “qu’au sein des 20 % les plus modestes, 6 % des indépendants effectuent des mobilités très ascendantes et au sein des 20 % les plus aisés, 6 % des mobilités très descendantes, contre 2 % et 3 % pour les salariés”.