La forte inflation observée dans la grande distribution impacte lourdement le pouvoir d’achat des Français. Afin de préserver leur budget, les plus gros industriels de la consommation vont renégocier avec les distributeurs pour faire baisser les prix des produits ayant connu une hausse supérieure à 10 % lors des négociations de mars 2023. Les ménages peuvent ainsi espérer payer moins cher d’ici juillet pour certaines catégories d’articles. Un impact en rayon espéré pour le courant de l’été En raison de l’explosion des prix de nombreux produits de consommation courante, les industriels ont subi des pressions de toutes parts ces derniers mois. En effet, les coûts des matières premières et de l’énergie étant orientés à la baisse, aussi bien les pouvoirs publics que les ménages et les distributeurs attendent une révision. Les 75 grands groupes qui pèsent pour 80 % du marché reviennent par conséquent à la table des négociations pour diminuer les tarifs des produits qui se sont enchéri d’au moins 10 % à l’issue des négociations annuelles de mars dernier, et qui comprennent une des matières premières dont le prix est en recul. Devraient ainsi être concernés les bonbons, la viande surgelée, les gâteaux et la nourriture pour animaux. Important Les éventuels changements ne seront néanmoins visibles dans les rayons que vers le mois de juillet. En effet, après l’aboutissement des négociations, il faut attendre que les distributeurs écoulent les stocks de produits aux prix élevés et se réapprovisionnent à des tarifs inférieurs. Certains ménages sont en effet contraints de recourir à des petits crédits à la consommation pour faire face à la situation. Des renégociations réclamées dans les pays voisins Les Français ne sont pas les seuls à être contraints de patienter pour bénéficier de baisses dans l’alimentaire alors que les conditions de marché ont sensiblement évolué. Dans les autres pays d’Europe, les dates des négociations commerciales ne sont pas fixes comme dans l’Hexagone. En outre, les dernières augmentations ont été très importantes. D’après les données de l’Insee, Le prix des denrées alimentaires a progressé de 15 % en France entre avril 2022 et avril 2023. En comparaison, sur la même période, les taux atteignent 17,1 % et 17,2 % en Belgique et en Allemagne, et même 19,4 % outre-Manche. Le Premier ministre britannique vient d’ailleurs de convoquer les grands distributeurs. En parallèle, une commission d’enquête parlementaire a été ouverte afin d’expliquer la flambée des prix de certains articles : +49 % pour l’huile d’olive, 42 % pour le cheddar et 20 % pour le pain et les céréales. Des marges rognées pour les industriels et les distributeurs en 2022 Pour autant, il serait erroné de désigner les industriels ou les distributeurs comme les « profiteurs de l’inflation ». Important L’an dernier, les acteurs de la grande distribution avaient réduit leurs marges nettes afin de limiter l’inflation dans leurs magasins. Les marges d’exploitation des entreprises cotées pour 2022 sont ainsi un recul de 0,2 point pour Carrefour (2,9 %) et de 0,4 point pour Casino (3,4 %), tandis que Auchan Retail annonce une réduction de 0,7 point de sa marge, à 4,1 %. Les bénéfices n’ont donc pas suivi la croissance du chiffre d’affaires, d’ailleurs trompeuse, car tirée par l’augmentation des prix. Les marges des géants de l’agroalimentaire ont également été plus faibles l’an dernier : 17,1 % pour Nestlé (-0,3 point), 16,1 % pour Unilever (-2 points), 12,2 % pour Danone et 30,7 % pour Coca-Cola (-1,8 point). Il reste qu’ils disposent d’une marge de manœuvre plus confortable pour des baisses de prix. Or, en proportion, leur effort a jusqu’ici été moindre par rapport aux distributeurs. Car malgré une inflation à deux chiffres, leurs produits phares ont été épargnés par les restrictions que les consommateurs se sont imposées. Les volumes de ventes sont ainsi restés élevés, et ont même battu des records, à l’exemple du Red Bull (+33 %), les canettes de Coca-Cola en pack (+31 %), le pot de 1 kg de Nutella (+28,3 %), ou encore le camembert Président (+10,2 %). Ces succès expliquent sans doute le manque d’entrain de certains industriels à accorder des rabais… À retenir Afin de préserver le pouvoir d’achat des Français, les géants de l’industrie agroalimentaire vont renégocier avec les distributeurs pour faire baisser les prix de certains produits. Les baisses de prix dans l’alimentaire en France ne seront visibles dans les rayons qu’aux alentours du mois de juillet. Plusieurs autres pays européens, notamment le Royaume-Uni, cherchent à faire baisser les prix par les industriels de la consommation. Les marges des distributeurs et des industriels ont été réduites l’année dernière pour limiter l’inflation dans les magasins, mais les bénéfices n’ont pas suivi la croissance du chiffre d’affaires.