D’après une enquête de la Fédération bancaire française (FBF) et de l’Association française des sociétés financières (ASF), le taux de détention du crédit à la consommation est à son plus faible niveau depuis près de 35 ans. Le crédit à la consommation a connu des périodes plus fastes dans son histoire. Selon une enquête publiée le 14 février par la Fédération bancaire française (FBF) et l’Association française des sociétés financières (ASF) et relayée par le site d’information Capital, seuls 21,8% des 9.000 ménages interrogés prétendent détenir ce type de prêt, contre 24,9 % en 2020 et 27,2% en 2017. Il s’agit du taux le plus bas enregistré par l’Observatoire des crédits aux ménages depuis 1989, l’année de sa création. Et cela fait cinq années consécutives que ce taux recule. Un environnement économique et financier instable L’étude relève également que les intentions de souscrire de nouveaux crédits à la consommation pour les 6 premiers mois de 2023 chutent. En effet, seuls 3,6% des sondés ont l’intention d’en prendre un au cours du premier semestre de 2023. En cause, un environnement économique et financier qui s’est fortement dégradé en 2022, conjugué à la dégradation de leur pouvoir d’achat. Si bien que “l’indicateur de confiance des ménages est au plus bas depuis 1972, date de création de cet indicateur”, rappelle Capital. Ce phénomène est similaire à la période 2008 - 2014, où le taux de détention des crédits à la consommation (dont les LOA) avait rapidement reculé, passant de 33,8 % à 25,6 %, en raison notamment des deux crises économiques qui s’étaient succédés à l’époque, explique le professeur d’économie Michel Mouillart. Car “lorsque les ménages sont inquiets sur leur avenir ou si leur contrainte budgétaire se resserre [...], ils diffèrent leurs projets de consommation durable : l’achat d’une automobile, mais aussi le remplacement de l’électroménager ou l’acquisition d’un équipement de loisir” ajoute-t-il. Un sentiment de dégradation du pouvoir d’achat Ainsi, en 2022, seuls 19,7 % des ménages détenaient des crédits pour acheter un (des) bien(s) d’équipement de la maison, une automobile, une moto ou payer des travaux d’amélioration du logement, contre 28,7 % en 2011 selon l’étude. Les ménages font donc preuve de prudence et ont ainsi moins recours au prêt personnel que par le passé, et ce, quel que soit l’organisme de crédit : banques ou établissements spécialisés. Par ailleurs, l’usage des cartes de crédit renouvelable des grandes surfaces est également en net recul : -60% de prêts accordés par ce biais en 10 ans, Et depuis trois ans, les crédits obtenus directement auprès d’un vendeur dégringolent également. Moins de crédits, mais de plus grosses sommes empruntées Autre constat de l’Observatoire : si les Français sont certes moins nombreux à souscrire un crédit conso pour financer leurs achats, lorsqu'ils le font, c’est pour emprunter plus. En effet, d’après l’ASF, la croissance des encours de crédit à la consommation a atteint en moyenne 10% sur les trois premiers trimestres de l’année 2022, bien qu’elle ait ralenti nettement durant l’hiver (+ 1,2%). Pour Capital, c’est le “symbole d’une plus grande concentration de sommes empruntées auprès de certains ménages”. Cependant, malgré la croissance des encours 87,3 % des ménages détenant des crédits, à estimer que leurs charges de remboursement sont supportables. “Cette proportion se situe au-dessus de la moyenne des situations observées depuis le début des années 2000 (85,7 %, précisément)”, analyse Michel Mouillart.