Face à l’escalade de la dette étudiante ces dix dernières années, Mohamed A. El-Erian, ancien PDG de PIMCO (l’un des plus importants fonds obligatoires dans le monde), s’inquiète de la proportion prise par cette bulle. Après le scandale des subprimes, celui des prêts étudiants… Pour Mohamed A. El-Erian, l’ex-bras droit de Bill Gross, cela ne fait aucun doute : les conditions sont réunies pour la formation d’une bulle. En l’espace de dix ans, l’encours de la dette étudiante aux États-Unis a été multiplié par trois, passant de 400 millions à 1,2 milliard de dollars. Les taux de défaut ont fortement progressé pour atteindre 10 %, voire 20 % de l’encours. Alors que 700 000 retraités peinent aujourd’hui à rembourser des prêts qu’ils ont contractés une trentaine d’années auparavant pour financer leurs études. En effet, en raison de la nature particulière du prêt étudiant – celui-ci continue à courir même plusieurs années après la date d’échéance –, la plupart des Américains se sont endettés à vie. Pourtant, tout comme pour les subprimes – ces crédits hypothécaires accordés à des ménages peu solvables – ou encore, comme en Chine, avec les crédits destinés aux spéculateurs boursiers, la responsabilité du gouvernement est engagée, car il a incité les banquiers à faciliter l’accès aux prêts, sans se soucier de la solvabilité de leurs emprunteurs. Une véritable poudrière Mohamed A. El-Erian se félicite de l’augmentation du nombre des diplômés aux États-Unis, puisqu’un pays développé doit avoir une population plus éduquée, mais ne s’empêche pas de s’interroger sur l’adéquation des formations choisies par les étudiants avec l’évolution du monde actuel. Quelque peu sceptique à la situation de plein emploi que les statistiques officielles renvoient, il déplore toutefois l’état actuel du marché du travail, qu’il juge trop sélectif. Comme de nombreux spécialistes avant lui, il attire aussi l’attention des autorités sur les dangers que représentent ces prêts étudiants : une véritable bombe à retardement. Surtout lorsque ceux-ci sont combinés au crédit auto (aux États-Unis, il faut posséder une voiture pour obtenir un travail) et aux difficultés financières que rencontrent les catégories les moins nanties (près d’un quart de la population la plus défavorisée représente 60 % de l’encours des prêts).