Les catastrophes naturelles dues au dérèglement climatique font exploser le coût de l’assurance habitation des Français. Mais un autre problème beaucoup plus grave se profile : la multiplication des secteurs inhabitables dans les régions côtières, en raison de l’érosion marine. Les propriétaires immobiliers dans les 500 communes concernées doivent réaliser que leur patrimoine risque de finir au fond de l’océan à long terme. Indifférence des propriétaires immobiliers face aux dangers Les phénomènes naturels causés par le réchauffement climatique ont des conséquences lourdes sur les constructions. Mais si les inondations, tempêtes, épisodes de canicule, sécheresses, glissements de terrain sont les plus visibles, de nombreux territoires sont touchés par l’érosion côtière. Le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires a indiqué que l’avancée des océans grignote chaque semaine une surface correspondant à la taille d’un terrain de football à la terre. Pourtant, les habitants des zones concernées ne semblent pas inquiets outre mesure. Sur le littoral vendéen, l’attrait pour les biens immobiliers en bord de mer demeure intact, et les prix ne montrent aucun signe de baisse, confirment les professionnels du marché. Aussi bien pour un investissement locatif que pour une résidence secondaire, les clients, souvent originaires des grandes villes, priorisent des biens immédiatement disponibles et situés à quelques pas de la plage. Et le risque lié au recul du trait de côte, auquel ils sont pourtant sensibilisés, ne semble pas les dissuader. Risque de submersion de milliers de bâtiments et d'infrastructures Le Cerema (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement) tire la sonnette d’alarme : l’érosion marine menace un millier de bâtiments sur les quatre prochaines années, dont 300 habitations et 190 commerces. Le montant total de ces biens est estimé à 235 millions d’euros. Il a par ailleurs élaboré des hypothèses pour trois échéances : 2028, 2050 et 2100. Ainsi, d’ici 2050, 5 200 logements, dont 2 000 résidences secondaires valorisées à 1,1 milliard d’euros au total, pourraient être engloutis par les flots. La menace pèse également sur 1 400 locaux d’activité, estimés à 120 millions d’euros. Les projections à l’horizon 2100 prévoient la disparition potentielle de 450 000 logements représentant 86 milliards d’euros, 55 000 locaux tertiaires d’un prix cumulé de 8 milliards d’euros, 10 000 bâtiments publics. Enfin, la mer pourrait emporter près de 1 800 kilomètres de routes et 240 kilomètres de voies ferrées. ImportantL’adaptation au changement climatique implique ainsi une révision des plans d’urbanisme pour l’Exécutif, mais aussi pour les collectivités locales. Les autorités explorent notamment des pistes pour l’indemnisation et le relogement des habitants impactés sur des zones sécurisées. Toutefois, trouver le financement nécessaire représente un défi majeur, car le fonds Barnier destiné aux catastrophes naturelles est loin de couvrir tous les besoins. Toutes les parties concernées doivent ainsi se préparer à contribuer à la dépense. A retenir L’érosion marine menace de nombreux bâtiments dans les zones côtières, ce qui représente une perte financière importante. Les autorités doivent réviser les plans d’urbanisme et envisager des mesures d’indemnisation et de relogement pour les habitants touchés. Le financement de l’adaptation au changement climatique est un défi majeur, et un apport de toutes les parties concernées sera certainement nécessaire.