L’activité et les prix ont connu une baisse plus marquée au premier semestre 2023, malgré l’effet généralement dynamisant de l’arrivée du printemps. Les relations entre acheteurs et vendeurs se tendent. Les derniers indices « Meilleurs Agents - Les Échos » du 1er juillet révèlent des disparités territoriales. Une crise structurelle ancienne persistante Le léger regain observé sur le marché au printemps n’a fait qu’atténuer la tendance baissière des prix de l’immobilier du premier semestre 2023. En juin, le prix moyen au mètre carré des logements anciens en France est resté stable, tout comme les dix plus grandes villes françaises, à l’exception de Paris qui a enregistré une baisse de -0,1 % (-1,9 % depuis le début de l’année). Cependant, le marché parisien ne franchit pas encore la barre symbolique des 10 000 euros/m², avec une moyenne de 10 072 euros/m² au 1er juillet. Important La crise du logement s’aggrave, s’ajoutant à une crise structurelle ancienne persistante. Depuis plusieurs mois, une crise conjoncturelle est également présente, Yves Delecraz Avertissait Yves Delecraz en juin. Le président du Congrès des notaires de France s’est exprimé en prévision de la prochaine réunion de la profession prévue du 27 au 29 septembre 2023 à Deauville et qui sera consacrée au logement. L’époque d’un marché ultra-actif, tiré par des crédits très bon marché et boosté par l’euphorie post-Covid, semble bel et bien révolue. La situation s’est inversée en quelques mois et la rupture est bien là, Sophie Sabot-Barcet Confirme Sophie Sabot-Barcet, la présidente du Conseil supérieur du notariat. Les travaux en tant que facteur rédhibitoire Alors que toutes les conditions semblaient réunies, les circonstances ont pris une autre tournure. Important La construction neuve est presque à l’arrêt, en raison des tensions économiques persistantes et du climat géopolitique instable. L’inflation est toujours élevée et elle affecte le pouvoir d’achat des Français. De plus, la remontée des taux d’intérêt immobiliers s’accélère, et l’accès au crédit, déjà difficile, entrave davantage leurs projets. Les primo-accédants avec revenus modestes ont quasiment disparu du marché Au quotidien, nous constatons une hausse du nombre de refus de prêts dans nos études, Edouard Grimond Affirme Edouard Grimond, le porte-parole du Conseil supérieur du notariat (CSN) et également notaire à Lille. Bien que la mensualisation du taux d’usure ait apporté un certain soulagement aux emprunteurs, cela reste insuffisant. Un autre frein, dont les effets ne font que débuter, est lié à la rénovation énergétique des logements et à ses contraintes, qui perturbent le marché de la revente. L’évaluation de la performance énergétique (DPE) des habitations joue de plus en plus sur le comportement des acheteurs et des vendeurs. De nombreux bailleurs, souvent âgés d’environ cinquante ans et ayant connu des périodes plus favorables pour l’investissement, sont en train de se décourager. Ils mettent en vente leurs logements classés en catégorie F ou G en raison de l’ampleur et du coût des travaux requis, Martin Menez Explique Martin Menez, le président de Bevouac et spécialiste de l’investissement locatif. Quant aux primo-investisseurs, ces jeunes qui ne parviennent pas à acheter leur résidence principale, mais souhaitent réaliser leur premier investissement locatif, ils attendent des diminutions de prix plus significatives. Pour que le marché redevienne stable dans son ensemble et que les ménages retrouvent un pouvoir d’achat immobilier, une correction plus prononcée des prix d’au moins 10 % cette année serait nécessaire, ce qui est loin d’être le cas pour l’instant. Le processus de correction à la baisse des prix sera long, et il faudra faire preuve de patience, Charles Marinakis Prévient Charles Marinakis, le président de Century 21. Les estimations d’évolution des prix en France se montrent prudentes, oscillant entre -2 % et 0 % en 2023 et entre -2 % et -4 % pour 2024, selon l’agence de notation Fitch. À retenir Le marché immobilier français a connu une baisse plus marquée au premier semestre 2023, malgré l’effet généralement dynamisant du printemps. Les relations entre acheteurs et vendeurs se tendent, et des disparités territoriales sont observées. La construction neuve est presque à l’arrêt, l’inflation élevée et la hausse des taux d’intérêt entravent les projets immobiliers. Les primo-accédants sont de plus en plus exclus des transactions, et la rénovation énergétique des logements perturbe le marché de la revente. Pour stabiliser le marché et permettre aux ménages d’acquérir un bien immobilier, une correction plus prononcée des prix serait nécessaire.