Au cours des derniers mois, la demande de logements à louer s’affiche en nette hausse. En parallèle, le nombre de biens proposés diminue sensiblement. Face à cette situation aux causes multiples, les réseaux d’agences immobilières évoquent un risque imminent de blocage sur le marché français de la location. Net recul du nombre de mandats pour la mise en location dans les agences Les professionnels de l’immobilier s’alarment de la chute des nouveaux mandats pour la mise en location depuis le 1er janvier. Orpi a récemment annoncé via un communiqué un recul de 20 % en moyenne sur le premier semestre. Mais dans certaines grandes villes, le réseau déplore des baisses encore plus marquées, à plus de 60 % à Marseille, et jusqu’à plus de 80 % à Montpellier, soit trois fois moins qu’en temps normal. En parallèle, la demande est de plus en plus forte. Le réseau Laforêt Immobilier note que L’offre se réduit de 20 % sur un an, tandis que le nombre de candidats est en croissance dans des proportions identiques. Selon Yann Jéhanno, son Président, Ces évolutions contraires sont en train de mener le marché vers une situation de blocage. Yann Jéhanno Un marché bloqué par des conditions d’accès de plus en plus restreintes L’accession à la propriété est de plus en complexe pour les Français. Depuis début 2022, dans un contexte inflationniste, les taux des crédits immobiliers remontent rapidement. En outre, le prix des logements reste élevé. Enfin, les règles d’endettement imposées par le Haut Conseil de Stabilité Financière restreignent l’obtention d’un emprunt hypothécaire. Si les mensualités de remboursement représentent plus de 35 % des revenus, même pour les ménages aisés, les banques ne peuvent accorder le financement. En conséquence, Important Un grand nombre de candidats à l’achat d’une habitation se retrouvent exclus du marché. Les primo-accédants sont les principales victimes, bien que les porteurs d’un projet d’investissement immobilier soient également concernés. Les jeunes actifs, qui n’ont pas encore une grande ancienneté dans leur emploi ni une épargne suffisante pour couvrir l’apport personnel obligatoire, n’ont d’autre choix que de rester en location. Ainsi, selon les professionnels du secteur, La durée d’occupation des logements s’allonge continuellement. Des bailleurs plus frileux pour la location Un autre facteur pèse sur l’offre : le manque d’enthousiasme des bailleurs, qui préfèrent de plus en plus souvent la vente à la location. L’Union nationale des propriétaires immobiliers (Unpi) et autres associations de propriétaires soulèvent Des contraintes multiples, comme l’encadrement des loyers dans plusieurs grandes villes, forte hausse des impôts fonciers. À cela s’ajoute le basculement d’un nombre croissant de logements vers la location touristique de longue durée, ce qui nuit à la location classique. L’Exécutif prévoit d’ailleurs une réforme de la fiscalité de la location saisonnière, réforme qui devrait s’inscrire dans le prochain projet de loi de finances. Dernier obstacle, le durcissement de la réglementation concernant les passoires thermiques, rebut de nombreux propriétaires. Malgré les aides existantes, le coût élevé des travaux de rénovation énergétique les incite à se défaire de leur bien plutôt que de subir les interdictions progressives à la location. À retenir La demande croissante de location combinée à l’offre limitée de logements disponibles risque de bloquer le marché immobilier de la location en France. Des conditions d’accès restrictives entravent le marché immobilier : taux d’intérêt en hausse, cherté des biens, règles d’endettement strictes. Les contraintes qui pèsent sur les bailleurs poussent de plus en plus souvent ces derniers à vendre plutôt que louer : encadrement des loyers, augmentation des impôts fonciers, concurrence de la location touristique, réglementation concernant la performance énergétique. A découvrir : Alors que le marché de la location semble être au bord de la rupture, une nouvelle analyse approfondie du marché immobilier français suggère des changements majeurs à l'horizon. Pour en savoir plus sur ces évolutions et comprendre comment elles pourraient influencer le paysage immobilier dans les mois et années à venir, découvrez notre dernier article sur le sujet.