Toute la filière bancaire endure la hausse des taux d’emprunt immobilier. Outre les demandeurs de prêt, les professionnels de courtage en souffrent également. Malgré ce phénomène, une courtière ne craint cependant pas un amoindrissement de clients pour l’heure. Les Français continueront de réaliser des acquisitions de biens, explique-t-elle. Les courtiers sauront aussi proposer d’autres offres au moins aussi lucratives. Les taux d’intérêt des prêts à l’habitat ont rapidement augmenté cette année. La Banque de France (BDF) a communiqué qu’en avril dernier, ils s’établissaient entre 1,25 % et 1,30 %. En décembre 2021, les emprunteurs profitaient encore d’une moyenne de 1,12 %. Tous les frais relatifs à la contraction d’un crédit se sont alourdis parallèlement à la hausse de ce taux nominal. Parmi eux figurent notamment la cotisation pour l’assurance emprunteur et la commission versée aux professionnels de courtage. La note totale ne doit pas aller au-delà du taux d’usure. Déterminé tous les trois mois par la BDF, ce dernier représente un seuil garantissant aux particuliers des conditions d’emprunt raisonnables. Le redressement des taux nuit à l’activité dans le domaine du courtage Le taux d’usure est fixé en ce moment à 2,40 % pour un crédit sur 20 ans. À défaut de mesure politique, il n’évoluera considérablement qu’au début octobre prochain. Plusieurs acteurs du marché jugent pourtant ce niveau dorénavant trop faible pour leur permettre d’engranger suffisamment de profits. Cette remontée des taux a induit un contexte tendu dans l’univers de la banque. Cette situation concerne tout le monde, des professionnels du courtage aux emprunteurs, en passant par les banquiers. Cependant, les courtiers en souffrent davantage. Géraud Cambournac, directeur général de l’AFIB (Association française des intermédiaires en bancassurance), l’a constaté. Il révèle que les établissements bancaires traditionnels éconduisent aujourd’hui 21 % des dossiers de crédit émanant d’eux. Au 31 décembre 2021, les rejets ne touchaient que près de 5 % des demandes présentées. Le dirigeant s’inquiète : Nous arrivons à une situation de blocage qui devient insupportable, avec des banques qui refusent purement et simplement (tous) les dossiers, comme le groupe Société Générale. Géraud Cambournac En l’absence de courtier, la banque se passe : De l’inclusion du TAEG (taux effectif global du prêt), soumis à une limite légale, dans le calcul ; Du paiement de commission. L’envolée des taux a vivifié les tensions entre banquiers et courtiers La banque rouge et noir a choisi de suspendre momentanément leur coopération avec les prescripteurs, dont : Les agences immobilières locales ; Les spécialistes de courtage ; Etc. L’établissement précise néanmoins qu’il en attribue toujours directement à ses emprunteurs. Une experte en courtage admet que ce type de rejet de dossier est désolant. L’offre de prêt bancaire s’avère toutefois encore largement importante, apaise-t-elle. Les tensions ont constamment accompagné les rapports entre banquiers et leurs fournisseurs d’affaires. Cependant, le renforcement rapide des taux d’emprunt les a rendues plus ardentes. D’autres éléments intègrent également l’équation, tels que : La restriction de la durée d’endettement dans certains cas ; La limitation des traites mensuelles sur la base des revenus. Pour les particuliers, décrocher un crédit est désormais plus compliqué, bien que pour l’heure, les volumes ne diminuent point. L’attribution de nouveaux prêts immobiliers s’est même accentuée, d’après la BDF. En avril dernier, l’encours a progressé de 6,3 % par rapport au même mois en 2021.