La menace nucléaire est bien réelle pour nombre de Français. Certains commencent ainsi à s’équiper pour se protéger contre d’éventuelles attaques. Les précautions prises se font sentir auprès des professionnels du bâtiment, ceux qui sont en mesure d’aménager un bunker notamment. Ils dénotent une hausse des demandes pour ces abris antiatomiques. La guerre en Ukraine a laissé apparaître un nouveau marché en France : celui des abris antiatomiques ou bunkers. Les entreprises en charge de leur construction indiquent une augmentation des commandes reçues, majoritairement issues de clients particuliers. Leur profil serait par ailleurs varié. La population semble s’inquiéter de la tournure que prend la crise ukrainienne. De plus, la France serait loin d’être le pays le mieux équipé en cas d’attaque nucléaire. Les préoccupations qui naissent chez les Français ont également conduit les professionnels du bâtiment à s’y intéresser. De nouvelles entreprises ont ainsi vu le jour et se focalisent sur ce type d’aménagement. Des aménagements personnalisables Les entreprises spécialisées dans la construction de bunkers ne sont pas nombreuses en France. Certaines se sont tournées vers le secteur depuis peu, y voyant un marché prometteur. C’est le cas d’Artémis Protection dont la création date de janvier 2021. La société propose des modules préfabriqués composés de structures en métal. Ses offres reposent sur deux modèles de 6,7 et 20 m2. Le premier coûte 149 000 euros. Il s’agit d’une structure basique dotée seulement d’un système d’aération et d’une sortie d’urgence. Avec la deuxième option, l’entreprise a la possibilité d’ajouter des aménagements intérieurs. Pour un prix pouvant aller jusqu’à 300 000 euros, le propriétaire peut disposer : D’un couchage ; D’une cuisine ; D’une salle de bain ; D’une installation pour l’eau ; D’un groupe électrogène. Mathieu Séranne, le dirigeant, assure que les modèles peuvent être adaptés selon les besoins du client. Il cite le cas d’une commande concernant un bunker d’une capacité d’accueil de 14 occupants. L’aménagement nécessiterait dans ce cas l’association de plusieurs modules et le tarif se situe aux environs de 800 000 euros. L’engouement pour les bunkers constituerait pour l’heure l’impact visible de la crise ukrainienne. Ils contribuent néanmoins à augmenter la valeur du logement à l’avenir. Les propriétaires peuvent envoyer leur demande pour un prêt bancaire avec une telle construction. Elle n’est cependant pas éligible aux programmes de financement dédiés aux travaux de rénovation comme le PTZ (Prêt à taux zéro). Une superficie pouvant atteindre 100 m2 Les clients seraient issus de secteurs divers. Les constructeurs voient autant de militaires et de diplomates que de médecins, des retraités ou des membres de cabinets ministériels. Il serait difficile d’avoir des informations exactes sur eux du fait du principe de confidentialité. Il en va de même pour celles concernant le lieu d’implémentation et la technique de construction. Amesis, une autre société active dans le secteur, confirme toutefois que les particuliers sont devenus nombreux à la solliciter. Cette entreprise propose des bunkers en béton armé. Comme avec Artémis Protection, les clients ont le choix. L’offre de base consiste en un aménagement de 14 m2 avec un prix qui démarre à 79 000 euros. Il comprend un système d’aération, des toilettes sèches ainsi que des lits superposés. D’une superficie de 26 m2, le deuxième modèle possède un accès à l’eau potable et une installation pour groupe électrogène. Le tarif atteint 280 000 euros. La personnalisation serait aussi possible. Amesis a déjà aménagé un bunker de 100 m2 pour l’un de ses clients à Cannes. Certains vont plus loin en ajoutant un écran pour reproduire le ciel ou la forêt. Les bunkers seraient encore rares en France. Le pays en possèderait 1 000 dont 600 installations militaires et 400 privées. Il reste ainsi peu équipé comparé à ses voisins. En Suisse, ce type d’aménagement était obligatoire sur les nouvelles constructions avant que la réglementation ne change. Cela lui vaut aujourd’hui un taux de protection à plus de 100 %. La Norvège, la Finlande et la Suède bénéficient pour leur part d’un taux de protection de plus de 70 %.