De nombreux propriétaires immobiliers en Chine ont pris la décision d’arrêter de rembourser leur crédit à l’habitat. En effet, une multitude de chantiers ont été interrompus, repoussant ainsi la date de livraison des logements. La banque Nomura précise qu’une bonne partie des biens pré-vendus entre 2013 et 2020 n’a pas encore été livrée jusqu’ici. La filière de l’immobilier en Chine traverse actuellement une crise qui paralyse les chantiers de certains promoteurs. Pour s’offrir un bien, beaucoup de ménages ont contracté un crédit dans le passé. Mais avec le blocage des travaux, ils ont décidé de ne plus régler leurs mensualités. Une mesure adoptée afin de mettre la pression sur les constructeurs. De nombreux propriétaires contrariés ont aussi manifesté dans les rues de Wuhan, racontent des acheteurs locaux. Un fichier collaboratif intitulé « WeNeedHome », disponible sur Internet, donne un aperçu de cette situation. Il indique que quelque 300 projets immobiliers dans une centaine de communes sont visés par ces cessations de paiement. La crise immobilière dans le pays risque de s’aggraver Plusieurs de ces boycotts sont localisés au cœur de l’Empire du Milieu, à Zhengzhou. Une grande commune dans laquelle les dirigeants ont déployé un fonds pour permettre aux promoteurs de terminer leurs travaux. Les appartements neufs en Chine sont en général vendus avant d’être construits. Par conséquent, les acquéreurs subissent un préjudice lorsque les promoteurs se trouvent dans l’incapacité d’achever le chantier. Selon un analyste chez Gavekal Dragonomics, Andrew Baston, ce système a provoqué une crise de confiance dans le secteur immobilier. Au cabinet Oxford Economics, l’on avertit que la méfiance croissante des Chinois envers le marché pourrait empirer la crise. Un analyste au sein de l’établissement, Tommy Wu, indique : Le danger de voir se développer un cercle vicieux – baisse des ventes et des prix des logements, détresse croissante des promoteurs et détérioration des finances des collectivités locales – est préoccupant. Face au non-achèvement de son habitation, un acheteur affirme ne plus vouloir continuer à rembourser son prêt immobilier. Dans l’impossibilité d’emménager dans son habitation, le vingtenaire réside dans un bien qu’il loue à un prix très élevé. S’exprimant sur le report incessant de la livraison de son logement, un autre acquéreur relate à l’Agence France-Presse (AFP) : Je n’aurais jamais pensé que ça pouvait arriver. Beaucoup d’acheteurs attendent encore la livraison de leur bien Myhome Real Estate a moult fois ajourné la date de livraison de leurs habitations, confient de futurs propriétaires à Wuhan. Leur emménagement était initialement prévu en décembre 2021, mais jusqu’à maintenant, ils doivent attendre. Le promoteur a déclaré à la mi-août 2022 qu’il entend finir les travaux d’ici la fin de l’année. Seulement six sur dix des habitations pré-acquises entre 2013 et 2020 ont jusqu’à présent été livrées par les promoteurs. Les arrêts de remboursement de mensualités de crédit rendent leur mission plus difficile. À ces boycotts s’ajoute la pression émanant de l’Exécutif, qui exige l’achèvement des travaux pour garantir la stabilité sociale. Depuis 1998, avec la libéralisation du marché immobilier, la Chine a vu cette filière croître de manière substantielle. Les crédits proposés par les banques ont permis aux constructeurs de développer leur activité. Leur endettement s’est cependant significativement alourdi, si bien que les autorités y ont mis fin en 2020. Cette mesure a diminué les possibilités de financement pour les leaders du secteur tels que Evergrande. Cette entreprise s’applique depuis des mois à s’acquitter d’une immense dette.