D’après la Fédération Française du Bâtiment (FFB), les ventes de logements neufs ont diminué de 5,1 % par rapport à l’année dernière. Le segment des maisons individuelles est le plus durement touché, avec un repli de 14,3 % entre début janvier et fin mai 2018. Cette chute est attribuée à la réforme des dispositifs de soutien au logement (APL en accession et prêt à taux zéro). Impact des réformes des aides à l’accession Un sondage « rapide » effectué par la FFB et le bureau de LCA-FFB auprès d’une centaine d’adhérents appartenant au groupement des constructeurs et aménageurs montre que la baisse des transactions observée au premier semestre 2018 par rapport à la même période en 2017 est due principalement aux mesures prises dans le cadre de la loi de finances 2018. Important Dans les zones A et B1, 40 % du recul des ventes seraient attribués à la disparition de l’APL en accession. Dans les zones B2 et C, c’est le recentrage du PTZ qui serait à l’origine de 45,5 % de la diminution de l’activité. L’investissement locatif n’est pas épargné, le durcissement des conditions d’éligibilité au dispositif Pinel ayant causé une chute de 84 % des ventes, les 16 % restants étant liés au contexte économique. Le millier d’adhérents de LCA-FFB sont ainsi menacés, d’autant qu’ils réalisaient les trois quarts de leur chiffre dans les zones impactées par le rabotage des aides publiques à l’accession à la propriété. Évolutions contrastées entre les secteurs Les constructeurs ressentent déjà les effets du changement. En glissement annuel sur les cinq premiers mois de 2018, 1,8 % de permis de construire en moins ont été octroyés, tandis que le volume de mises en chantier s’est réduit de 4,3 %. La FFB souligne néanmoins le possible rôle des récentes intempéries qui ont frappé la France. Le marché non résidentiel se porte en revanche à merveille, avec une croissance de 7,5 % et 13,3 % respectivement du volume de surfaces autorisées et commencées (en glissement annuel sur cinq mois à fin mai), les bâtiments administratifs affichent la hausse la plus marquée (+28 %). Seuls les commerces sont à la peine (-11,1 % des autorisations). Pour les experts, ces chiffres prouvent que la situation dans le neuf est due à la perte de solvabilité des ménages, les taux d’intérêt ne parvenant pas à compenser la flambée des prix et le rétrécissement des aides. Pour les professionnels de l’amélioration-entretien, l’amélioration de 1,7 % des chiffres de la rénovation dans les logements a entraîné une hausse de 0,9 % de l’activité pour la première moitié de 2018. La Fédération redoute néanmoins un report de chantiers comme conséquence des règles révisées de calcul du déficit foncier résultant du prélèvement à la source. En effet, la déduction d’impôt ne portera que sur 50 % des travaux effectués en 2018 et 2019. Évolutions contrastées entre les secteurs La FFB ajoute qu’au premier trimestre, la progression de 2,3 % des coûts des matériaux et charges salariales dépasse celle des prix bâtiments (1,1 %). Le BFR augmentant avec l’activité, les besoins en trésorerie restent importants et les marges se contractent. Les perspectives pour l’année sont encourageantes, bien que la croissance attendue par la FFB soit de moitié inférieure à celle de 2017 (2,4 % contre 5 %). Les sociétés de bâtiment employant plus de 10 personnes ont des commandes correspondant à 7,5 mois de CA à fin juin 2018. Chez les artisans aussi, le volume a atteint un pic à 4,3 mois, un plafond qui n’avait plus été observé depuis l’été 2008.