On a beaucoup parlé, ces derniers temps, de la possibilité de retourner à l’utilisation du franc comme monnaie nationale. Et si c’était vraiment le cas ? Les emprunteurs seront les premières victimes, notamment ceux qui ne seront pas encore arrivés au bout de leur remboursement. En effet, le fait de payer en francs un crédit souscrit au départ en euros ne sera en aucun point avantageux. Pour les personnes qui ont souscrit un crédit immobilier, le retour au franc créerait une conjoncture défavorable à leur situation. Selon les explications de Jean-Philippe Lambert, la règle qui prévaut est qu’un emprunt libellé en euros doit être remboursé en euros. Jean-Philippe Lambert Il est pourtant quasiment certain qu’en refaisant surface, le franc ne fera pas le poids face à l’euro. Par conséquent, les emprunteurs seront soumis à un risque de change considérable, car les mensualités qu’ils devront payer auront une valeur nettement plus importante, risquant d’impacter lourdement sur leur pouvoir d’achat. En suivant une logique assez simple, si le franc perd une valeur de 10% face à l’euro, cela veut dire que le montant des mensualités à payer en francs par l’emprunteur sera de 10% plus lourd que celui d’avant. Ce qui porterait atteinte à la solvabilité de ce dernier. Le rachat de crédit, une alternative intéressante Certains produits proposés par les établissements de financement pourraient aider les emprunteurs à couvrir le risque de change par rapport au retour au franc. Toutefois, ces produits peuvent engendrer des coûts supplémentaires, et par conséquent devenir encore plus cher au fur et à mesure que le franc perd de sa valeur. Ainsi, dans une optique de réduire le risque de change auxquels les emprunteurs sont confrontés, les banques peuvent proposer une restructuration de dette en euros à leurs clients, puis leur proposer de nouveaux prêts en francs. Julien Martinet d’expliquer : Cela réduirait le risque de change pour tout le monde. Mais là encore, si les perspectives du franc par rapport à l’euro sont mauvaises, l’octroi de ces nouveaux prêts pourrait engendrer un surcoût. Julien Martinet Aujourd’hui, selon les analyses d’un expert dans le domaine du prêt immobilier, la moyenne nationale du prêt en ce qui concerne la durée est de 17 ans. Dans le cas où le pays reviendrait sur l’utilisation du franc, les emprunteurs qui ont bénéficié de ce type de crédit se soumettront aux contraintes de change pour tout le temps qui leur restera pour rembourser leur emprunt. Mais quand bien même le rachat de crédit constitue une alternative envisageable pour échapper, même en partie, aux risques de change, il faut prévoir que la perte de valeur du franc engendrera des coûts plus lourds. Aux risques et périls des banques Bien que les véritables conséquences du retour au franc ne soient par vraiment prévisibles pour les emprunteurs, il est certain que cela ne sera pas tout aussi favorable pour les établissements prêteurs. En effet, dans le cas où la législation décide de convertir la monnaie en franc, et par conséquent la valeur de tous les emprunts, les banques seront contraintes d’accepter un remboursement des crédits souscrits en euros en francs. Une manœuvre périlleuse qui pourrait apporter leur perte : Dans ce scénario, les banques pourraient légalement considérer qu’il s’agit d’un événement significativement défavorable qui justifie qu’elles exigent le remboursement du prêt. Et même dans ce cas, la proposition d’un rachat de crédit consiste en une solution plus rationnelle, cette fois pour les établissements de financement en effet, en proposant aux emprunteurs à reprendre leurs dettes, les banques pourront leur en proposer de nouveaux prêts, mais dont les nouvelles conditions seront moins aisées à cause de l’inflation et de la remontée des taux qui compte déjà dans les prévisions des spécialistes en évolution économique.