Sans CDI, les jeunes actifs ont souvent du mal à convaincre leurs banques de leur accorder un crédit immobilier. C’est le cas entre autres des intermittents, travailleurs libéraux et auto-entrepreneurs. Les experts tiennent cependant à les rassurer. Bien que ce ne soit pas toujours facile, ce n’est pas impossible. Justifier de revenus stables Pour les auto-entrepreneurs, les banques ont coutume d’exiger trois ans d’exercice fiscal, avec la preuve de revenus stables. Un freelance pourra dans ce cas bénéficier des mêmes conditions qu’un salarié en CDI, et même disposer d’une force de négociation plus importante grâce à ses comptes pros. Évidemment, il ne s’agit pas d’une norme. D’ailleurs, les négociations se déroulent toujours au cas par cas. Julien, auto-entrepreneur de 33 ans, partage son expérience : Certaines banques ne voulaient même pas me rencontrer. Julien Et ce, malgré un revenu net de 4000 euros avec son amie en CDI, le couple a eu du mal à obtenir un prêt immobilier, car Julien ne pouvait justifier que de deux ans d’exercice fiscal. Je suis passé devant une commission professionnelle, qui évalue les capacités de remboursement des entreprises, alors que je faisais une demande en tant que particulier. Je les ai trouvés très exigeants alors qu'avec un diplôme d'ingénieur, j'aurais pu retrouver du travail facilement si mon autoentreprise ne marchait pas. Et même avec des revenus inférieurs, j'aurais pu rembourser les mensualités Ce dernier a fini par obtenir un prêt de 180 000 euros au taux de 1,7 % sur 15 ans, moyennant un apport personnel de 30 000 euros. L’historique avec la banque, un argument qui peut servir Laurianne, kinésithérapeute, 30 ans, a vécu une expérience similaire. Dans son cas, c’est le chiffre d’affaires de sa dernière année d’exercice qui posait problème, car il était trop faible selon les banquiers. Pourtant avec son ami en CDI, le couple pouvait justifier d’un revenu de 3500 euros par mois en moyenne. Quand je suis allée voir un courtier, il nous a dit : "Ouhlala, je ne vais rien arriver à vous trouver" Laurianne Seule sa banque lui a fait une offre de prêt : 260 000 euros, remboursables sur 25 ans avec un taux de 1,8 %. La banque connaissait son historique et voyait qu’elle s’en sortait sans problème avec un loyer de 1 000 euros et n’aurait aucune difficulté à régler ses mensualités. Pour Guillaume, intermittent du spectacle, 28 ans, la relation avec sa banque a aussi joué en sa faveur. Avec 10 000 euros d’apport et un revenu moyen de 1400 euros par mois, cet emprunteur avait besoin de 115 000 euros pour devenir propriétaire d’un loft dans l’Essonne. Il a finalement trouvé un prêt à 4 % sur vingt ans. Pour sa part, c’est le fait que son père, qui dispose de revenus confortables, soit dans la même banque qui lui a permis de bénéficier d’une offre de prêt. En tout cas, les banques sont aujourd’hui conscientes que les actifs sans CDI peuvent être des emprunteurs intéressants. D’ailleurs, elles gagnent à s’ouvrir davantage à cette clientèle. Une étude sur les profils atypiques rapporte en effet que le nombre d’actifs en CDI est en baisse, s’établissant à 76,4 % en 2014 contre 78,2 % en 2004.