Quelques banques proposent désormais à certaines catégories d’emprunteurs de souscrire un crédit sur 30 ans. Si ces prêts longue durée leur permettent d’augmenter leur capacité d’emprunt, ils comportent également des risques. Explications. Certaines banques recommencent à prêter sur 30 ans. Une surprise pour les emprunteurs, car “cela faisait environ 2 ans et demi que les courtiers n'avaient plus reçu de barème de banques sur une telle durée”, rappelle BFM TV. Pour cause, à mesure que la Banque centrale européenne (BCE) augmentait ses taux directeurs, le coût de l’argent que les établissements bancaires empruntaient pour financer les prêts des particuliers n'a cessé d’augmenter. Un allongement de la durée d’emprunt prévu pour 20% des crédits Conséquence : le crédit n’était plus rentable pour eux. Mais depuis quelques mois, le cycle de relèvement drastique des taux directeurs entamée par l’institution monétaire en juillet 2022, semble toucher à sa fin. De quoi pousser les banques à revenir sur le marché, sous réserve de respecter les critères imposés depuis janvier 2022 par le Haut Conseil de stabilité financière (HCSF). Pour rappel, l'autorité chargée de veiller à la bonne santé du système financier a fixé des règles limitant à 35% maximum le taux d'endettement des emprunteurs, et à 25 ans la durée maximale de prêt. Cela dit, les banques peuvent déroger à ces critères pour 20% de leur production de crédits. Autrement dit, elles disposent d’une marge de flexibilité pour, notamment, rallonger les durées d’emprunts. Et il semblerait que certains établissements soient enfin décidés à profiter de cette dérogation, utilisée pour seulement pour 0,5% des crédits jusqu’ici. En effet, d'après Le Parisien, deux Caisses d’épargne régionales (Normandie et Île-de-France) proposent désormais à certains particuliers d’emprunter sur 30 ans, afin de se démarquer de la concurrence. En revanche, c'est le cas uniquement pour les primo-accédants de moins de 35 ans, soit ceux qui n’ont jamais été propriétaires d’un logement jusqu'à cet âge. Des prêts sur 30 ans aux effets pervers Quel avantage pour ces emprunteurs ? Celui, notamment, de réduire son taux d'endettement ou d'augmenter sa capacité d'emprunt. “Pour 250 000 euros empruntés sur 30 ans, c’est 100 euros de moins par mois à débourser par rapport à un crédit sur 25 ans”, illustre Le Parisien. Cela peut ainsi permettre aux moins de 35 ans de devenir propriétaires, même dans des secteurs où les prix de la pierre sont élevés, comme en Île-de-France. En revanche, allonger la durée n’est pas sans risque, puisque le crédit coûte plus cher au final. L’autre revers de la médaille pour les particuliers, c’est que si les banques répandent l’idée que les prix actuels peuvent être absorbés par le rallongement des durées d’endettement, elles risquent de compromettre la baisse des prix de l’immobilier, qui s’est amorcée en 2023 dans l’Hexagone. L’opération pourrait alors s’avérer bien plus intéressante pour les établissements bancaires que pour les emprunteurs.