Selon une étude de PriceHubble, des propriétaires cacheraient le fait que leur bien soit une passoire thermique lorsqu’ils le mettent à vendre ou à louer. Il s’agit pourtant d’une obligation légale. Le diagnostic de performance énergétique (DPE) est-il devenu le nerf de la guerre pour les acheteurs ou les locataires à la recherche d’un logement ? A en croire une étude menée par PriceHubble pour Capital, cela en a tout l’air. En effet, le spécialiste de l’analyse des annonces immobilières a constaté que dans plusieurs grandes villes, certains propriétaires mentent à propos de la note du DPE attribué à leur logement. Preuve que cette dernière a une importance cruciale à leurs yeux. A Paris, seule une passoire thermique sur deux est mentionnée dans les annonces de location Pour parvenir à ce résultat, PriceHubble a mis en parallèle deux éléments. D’une part, les données disponibles sur le site de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME), qui recensent notamment les résultats de tous les DPE effectués en 2022. De l’autre, les notes de DPE de biens mis en vente ou en location sur les principaux sites d’annonces immobilières, dans pas moins de dix villes. Verdict : le nombre de passoires thermiques recensés par l’établissement public s'avère bien supérieur à celui déclaré par les propriétaires et agents immobiliers dans leurs annonces. A Paris par exemple, 40% des logements diagnostiqués en 2022 sont considérés comme des passoires thermiques, selon l’ADEME. C’est-à-dire qu’ils sont classés F ou G au DPE. Or, “sur les sites d'annonces immobilières, seuls 20% des logements mis en location sur les deux dernières années dans la capitale, et 27% des logements mis en vente, affichent une note F ou G”, révèle l’étude. Des DPE surévalués ou non renseignés Il s’agit d’un différentiel de taille, qui est également visible dans les autres villes analysées. A Bordeaux par exemple, 8 849 logements sont considérés comme des passoires thermiques en 2022, soit 18,51% des biens. Alors que le taux de passoires thermiques dans les annonces de vente postées sur les plateformes n’est que de 8%… et même de 5% concernant les annonces de location. Quant à Rennes, ces chiffres sont respectivement de 10% et 7%, pour un taux de passoires thermiques de 19,32%. Une part significative des propriétaires ou des agents indiquent un DPE surévalué ou n’affichent tout simplement pas de DPE, malgré l'obligation légale”, explique à Capital Loeiz Bourdic, “chief product officer” chez PriceHubble. Depuis le 1er janvier 2022, toute annonce de mise en location ou vente d’un bien doit en effet afficher obligatoirement son niveau de performance énergétique. Un calendrier d’interdiction de louer une passoire thermique qui se resserre Pourquoi certains propriétaires en viennent-ils à tricher de la sorte avec le DPE ? La raison est simple. Depuis le 1er janvier, les habitations les moins bien notées, soit celles consommant plus de 450 kWh d’énergie finale par m2 et par an (soit ceux dits “G+”), sont interdits à la location. Et en 2025, 2028 et 2034, les logements classés G, F et E sont sous le coup de la même interdiction. Cela explique pourquoi, dans toutes les villes étudiées par PriceHubble, la différence entre le nombre de passoires thermiques recensées, et celles renseignées dans les annonces immobilières, est plus grande lorsqu’il s’agit de biens à louer, que de biens à vendre. Alors que les échéances d’interdiction de mise en location des passoires thermiques arrivent vite pour les propriétaires, le gouvernement pourrait cependant revoir son calendrier des sanctions. “Il faut être très pragmatique et regarder si on peut décaler les calendriers”, déclarait fin septembre au Parisien Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie.