Les taux d’usure vont être relevés au 1er octobre et devraient permettre de débloquer plusieurs dossiers de candidats au crédit. Une bonne nouvelle qui risque d’être de courte durée. La Banque de France a diffusé l’information mercredi après-midi. Le taux d’usure - taux maximum auquel les banques sont autorisées à octroyer un crédit - va être relevé au 1er octobre. Une bouffée d’air pour de nombreux acquéreurs, dans l’attente d’un financement pour débloquer leur projet immobilier. Dans un communiqué publié ce mercredi 28 septembre, la banque centrale a ainsi annoncé que le taux d'usure allait passer de 2,60% à 3,03% pour les crédits immobiliers de moins de 20 ans, et de 2,57% à 3,05% pour un emprunt d’une durée de 20 ans et plus. Soit un relèvement respectif de 0,43% et 0,48%. Les dispositions seront publiées au Journal officiel le 30 septembre, pour une entrée en vigueur du nouveau taux d'usure au 1er octobre. Pas de revalorisation exceptionnelle mais une hausse jugée proportionnelle Depuis plusieurs mois, de nombreux courtiers en crédit immobilier accusaient le taux d’usure de bloquer l’accès au crédit de nombreux ménages. En effet, ce taux maximum tout compris qui intègre notamment l’assurance emprunteur et les garanties, était jugé trop bas par rapport à la réalité des taux d’emprunt accordés par les banques. Venus par dizaines manifester devant le siège de la Banque de France le 20 septembre dernier, les courtiers réclamaient une hausse exceptionnelle du taux d’usure. Une requête à laquelle la Banque de France n’a pas accédé, puisque « comme le gouverneur l'a indiqué à la commission des finances de l'Assemblée nationale le 27 septembre, un relèvement exceptionnel des taux de l'usure – dont le rôle est de protéger les emprunteurs - n'est ni souhaitable ni nécessaire », déclare la Banque de France dans son communiqué. Cependant, elle estime que la hausse à venir est “ bien proportionnée et plus marquée qu'en juin dernier”. L’OAT à 10 ans à surveiller Chez les courtiers, les conséquences de ce relèvement restent à voir. Comme l’explique Maël Bernier, porte-parole du groupe Meilleurtaux à MoneyVox : « C'est une bonne nouvelle, qui va permettre de donner une bouffée d'air aux emprunteurs. Mais elle risque d'être de courte durée. Si les OAT [taux des emprunts d'Etat, NDLR] continuent à grimper comme c'est le cas actuellement, les taux de crédit vont suivre. » Et pour cause, le taux de la dette française, à savoir l'OAT française à 10 ans, servant de référence aux banques pour déterminer les taux de crédit, est monté à 2,71% lundi. Soit un niveau jamais revu depuis le 29 juin 2012 (2,72%). Si l'OAT continue son ascension, le risque est que les banques augmentent leurs taux, entraînant alors potentiellement un nouveau blocage pour les emprunteurs. Relever le taux d’usure est une bonne chose, mais les effets positifs ressentis seront malheureusement de très court-terme. Oui certains dossiers vont enfin trouver un financement, mais pour combien de temps ? Une semaine ? Quinze jours ? Trois semaines tout au plus ! En effet avec la remontée extrêmement rapide et récente des OAT 10 ans (taux directeur de référence pour les crédits immobiliers qui sont passées de 1,35% en août à plus de 2,80% (au 28 septembre), les taux pratiqués par les banques ne peuvent que continuer à augmenter dans les semaines qui viennent. Ainsi fin octobre, la marge de manœuvre produite par cette récente hausse du taux d’usure sera déjà totalement absorbée. Un taux d’usure à 3% avec des taux moyens à 2,50%, c’est le même problème qu’un taux d’usure à 2,57% et des taux moyens à 2%, ce n’est tout simplement pas suffisant comme écart pour intégrer ne serait-ce que les assurances ! L’effet ciseau encore et toujours avec de nombreux dossiers qui atteindront une nouvelle fois le plancher de l’usure et seront à nouveau bloqués car nous allons très vite recevoir de nos partenaires bancaires des taux d’emprunt sur 20 et 25 ans (hors assurance) à 2,50% et plus ! analyse Maël Bernier.