Depuis le 1er novembre 2019, l’ancienne ministre des finances française Christine Lagarde (sous le mandat de Nicolas Sarkozy) et ex-patronne du Fonds Monétaire International (FMI) a été élue à la tête de la Banque Centrale Européenne. Lagarde, une femme de pouvoir Directrice générale du Fonds Monétaire International depuis 2011, Christine Lagarde est l'une des femmes les plus influentes au monde. Avocate, femme d’affaires, politicienne, la française de 63 ans est apparue à la troisième place dans le classement Forbes des femmes les plus puissantes du monde en 2018 juste après Angela Merkel et Theresa May. En 2007, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, elle devient la première femme à exercer la fonction de ministre de l'Économie dans un pays du G8. Dans les pas de Mario Draghi Succédant à l’italien Mario Draghi après un mandat de huit ans, Christine Lagarde arrive avec un bagage bien rempli : Après avoir dirigé le cabinet d’avocats américain Baker McKenzie jusqu'en 2005, Christine Lagarde avait été nommée par Nicolas Sarkozy au Ministère du Commerce extérieur puis des Finances jusqu'en 2011, avant de prendre les rênes du FMI après la démission de Dominique Strauss-Kahn. mercredi 30 octobre, Christine Lagarde s’est exprimée au micro de RTL. Elle y a exposé sa vision de la politique économique actuelle et les enjeux majeurs auxquelles la zone euro devra faire face, mais : je ne vais pas m’exprimer sur la politique monétaire qui sera décidée sous ma présidence tant que je n’aurai pas eu le temps, les ressources et les données permettant, ensemble, de définir cette politique a-t-elle déclaré Mario Draghi, son prédécesseur, a annoncé au mois de septembre des mesures qui devraient être en rigueur jusqu’en 2020, voire au-delà : prenant certains de court, il a annoncé des mesures très fortes pour tenter de soutenir la croissance. Certains y voient par ce biais une manière d’aider Christine Lagarde à son arrivée et d’autres pensent, au contraire, que cela va limiter son travail. Une zone euro individualiste Les banques centrales, dans l’ensemble, ont fait leur boulot a jugé Mme Lagarde Elle a cependant émis quelques doutes : Dans la zone euro, il n’y a pas suffisamment d’éléments de solidarité, on partage une monnaie, on ne partage pas beaucoup de politiques budgétaires pour le moment Des taux de plus en plus bas Plongée dans le négatif, la zone euro se retrouve dans une situation à laquelle elle n’avait jamais dû faire face : les taux ne reflètent plus du tout la réalité économique actuelle et s’endetter n’est plus une crainte. L’Allemagne peut emprunter sur les marchés à –0,70% et l’Etat français à –0,40% par exemple. Autrement dit, les banques qui placent de l'argent à la BCE récupèrent moins d'argent que ce qu'elles ont déposé. Par exemple, si un établissement place 100 € pendant un an, il ne pourra récupérer que 99,6 €. En procédant ainsi, la BCE incite les banques à faire circuler l'argent dans l'économie plutôt que de le laisser dormir. Ces dernières préfèrent en effet prêter de l'argent aux entreprises et aux particuliers plutôt que d'en perdre en le laissant dormir auprès de la banque centrale. Un risque de dépréciation de l’Euros Or, si la BCE applique continuellement des mesures expansionnistes pour calmer les tensions, elle prend le risque de discréditer sa monnaie avec pour conséquence une forte dépréciation de l’euro. Le retour à des taux positifs et à l’équilibre du marché dépend de la confiance que les investisseurs ont envers la zone euro et sa monnaie. Christine Lagarde devra être capable de convaincre de la capacité de l’euro à devenir une monnaie internationale incontournable. Il semble que dans ce domaine elle dispose des qualités requises et de la notoriété nécessaire pour incarner l’euro et devenir la porte-parole de notre monnaie face au reste du monde. L’emploi privilégié Christine Lagarde a, en outre, défendu la politique de taux d’intérêts très bas pour soutenir l’emploi plutôt que de financer d’avantage les épargnants. Interrogée sur les effets néfastes des taux parfois négatifs, elle s’est interrogée sur ce qui se serait passé si la BCE n’avait pas fait ça Est-ce qu’on n’aurait pas aujourd’hui une situation avec beaucoup plus de chômage, avec une croissance encore plus réduite, et est-ce qu’on n’a pas, finalement, bien fait d’arbitrer en faveur de l’emploi, de la croissance, plutôt qu’en faveur de la protection des épargnants ? On sera plus content d’avoir un emploi plutôt que d’avoir une épargne protégée. Je pense que c’est dans cet esprit-là que les politiques monétaires ont été déterminées par mes prédécesseurs, et je pense que c’est assez salutaire comme choix a-t-elle assuré. Quel futur pour la BCE ? Dans les années à venir, Christine Lagarde souhaiterait faire évoluer les objectifs de la BCE et ainsi ouvrir le débat sur d’autres enjeux majeurs : la politique de taux bas l’élargissement de l’objectif statutaire de la BCE au soutien de la croissance et à la lutte contre le chômage la mise en place d’un véritable plan d'action contre le réchauffement climatique Une arrivée très surveillée C'est la première fois qu’un président de la BCE ne vient pas du monde de la finance ou de la banque, et c’est dans ce contexte que Christine Lagarde entre à la tête de la BCE et va devoir convaincre. Certains sujets restent contestés entre et au sein des Etats-membres, mais en tant que présidente, il est de son ressort de trouver des solutions et de faire en sorte que l’Europe se réunisse autour des mêmes valeurs et des mêmes projets d’avenirs.