À la tête de la Banque centrale européenne depuis 2011, Mario Draghi vient de céder sa place à Christine Lagarde. Pour rappel, M. Draghi est considéré par de nombreux établissements comme le principal instigateur de la politique des taux bas. Aujourd’hui, avec ce changement de direction, tous les acteurs du secteur financier espèrent un revirement de la stratégie monétaire de la BCE. L’argent est devenu presque gratuit En maintenant son taux directeur à un niveau historiquement bas, Mario Draghi a cherché à favoriser l’accès à la propriété, même pour les plus modestes. Le taux du crédit immobilier a commencé à baisser en 2009, mais les chutes les plus vertigineuses ont été enregistrées au cours de son mandat. Et l’effet a été immédiat, puisque le volume des prêts a explosé, ainsi que le nombre de transactions immobilières. En France, les records sont tombés les uns après les autres, à l’image des prix qui ont évolué à la hausse, jusqu’à dépasser les 10 000 euros par mètre carré à Paris. Avec des taux inférieurs à 3 %, toutes durées confondues, voire en dessous de 1 % pour les meilleurs profils, la flambée des prix n’effraie plus les aspirants à la propriété. Le nombre de ventes conclues a même franchi la barre symbolique du million cette année. L’épargne est devenue payante Important Cependant, la politique des taux bas est une arme à double tranchant. Si elle a favorisé les emprunteurs, elle a rogné de manière significative la rentabilité des établissements bancaires. Les crédits immobiliers sont donc devenus de simples produits d’appel pour attirer de jeunes clients et ainsi développer un partenariat avec eux sur le long terme. Mais les banques n’ont pas été au bout de leurs surprises. Avec le taux OAT qui est passé sous valeur négative, elles se sont retrouvées à payer des frais de dépôts pour les liquidités excédentaires qu’elles placent à la BCE. Pour limiter les pertes, certains établissements ont alors emboîté le pas à la Banque centrale européenne en taxant les épargnes de leurs clients les plus fortunés. La Suisse a été la première à franchir le pas, avant que d’autres pays de l’Union européenne, dont la France, ne se mettent à l’imiter. Aujourd’hui, banquiers et assureurs s’accordent à dire qu’une remontée des taux sera bénéfique pour tout le monde. Important Du côté de l’emprunteur, le principal danger du taux bas reste le surendettement. Pour l’instant, les défauts de paiement sont rares, mais un brusque changement de conjoncture pourrait être dramatique. Les acteurs du secteur financier sont donc une majorité à espérer que Mme Lagarde adopte une politique qui serait à l’opposé de celle de son prédécesseur.