Ces derniers temps, le sujet du retour au franc revient souvent dans les débats. Mais pour les emprunteurs, cette éventualité les confronte à une certaine incommodité financière. Le souci se situe au niveau du remboursement du prêt, car en vertu des règles établies pour baliser les emprunts immobiliers, l’opération sera soumise aux contraintes des cours de change. La règle qui prévaut est qu’un emprunt libellé en euros doit être remboursé en euros. Si l’on se réfère à cette explication de Jean-Philippe Lambert, un des détenteurs d’actions chez Mayer Brown, le retour au franc ne va pas créer un environnement financier favorable pour les emprunteurs. En effet, en respectant cette règle, ils seront ainsi contraints de poursuivre le remboursement de leurs prêts en euros. Le souci étant qu’à ce moment-là, leurs revenus seront déjà comptabilisés en francs, cela les exposerait à des risques de change sur lesquels ils ne pourront faire l’impasse. Toutefois, une autre option susceptible de faciliter le remboursement se présente à un emprunteur. En effet, ce dernier peut choisir de renégocier son prêt immobilier pour se faire racheter le crédit en euros et d’en obtenir un autre en francs. Une monnaie dégressive pour des charges financières plus lourdes Dans l’éventualité où la France opterait pour une sortie de la zone euro, et que du coup le franc redeviendrait la monnaie officielle du pays, les emprunteurs qui détiennent un contrat de prêt en euros, dont le remboursement est encore en cours, s’exposeront à des risques de change considérables. En effet, il est quasiment certain que le franc va afficher une perte de valeur face à l’euro. De ce fait, les emprunteurs risquent de voir les mensualités de leur remboursement augmenter de manière conséquente, ce qui va certainement avoir un impact brutal négatif sur leur pouvoir d’achat. Car en effet, même si le franc ne perdait que 10 à 20% de sa valeur face à la monnaie européenne, les retombées de cette baisse seront vite répercutées sur le montant des mensualités, une fois qu’elles seront converties en monnaie nationale. Un danger pour les épargnants Le retour au franc sera tout aussi dangereux pour les épargnants qui verront une réelle menace s’abattre sur leur solvabilité. Le risque de change est un danger imminent pour ces derniers, car la valeur de leurs épargnes sera diminuée proportionnellement à la perte de valeur de la monnaie française face à l’euro. Toutefois, les épargnants pourront se prémunir de ces risques de change en optant pour des produits financiers proposés par les établissements bancaires. Sauf que ces offres risquent de coûter encore plus cher, d’autant que jusqu’alors, les perspectives d’évolution du franc ne prédisent aucun optimisme. Une échappatoire pour les emprunteurs D’après les explications recueillies auprès du Crédit Logement, la durée moyenne des emprunts en France est de 17 ans. En tenant compte de ce paramètre, les établissements bancaires devraient trouver un moyen de minimiser le risque de change tout au long de cette période. Le rachat de crédit serait alors une solution intéressante que les établissements de crédit pourraient proposer à leurs clients pour leur éviter de tomber dans la complication que pourrait engendrer le retour au franc. Ainsi, les banques rachèteront les crédits en euros des emprunteurs, et en échange, d’autres crédits en francs leur seront octroyés : Cela réduirait le risque de change pour tout le monde. Mais là encore, si les perspectives du franc par rapport à l’euro sont mauvaises, l’octroi de ces nouveaux prêts pourrait engendrer un surcoût. Mais d’un autre côté, rien ne permet encore de prévoir les retombées d’une éventuelle sortie de la zone euro sur les emprunteurs. Les évènements à venir vont, effectivement, dépendre des dispositions prévues par la législation. Une éventualité serait alors que l’État puisse décider de convertir tous les emprunts dans la « nouvelle monnaie », et dans ce cas, ce sont les banques qui en seront les victimes. Selon les explications de l’avocat : Dans ce scénario, les banques pourraient légalement considérer qu’il s’agit d’un événement significativement défavorable qui justifie qu’elles exigent le remboursement du prêt.