En raison d’un ralentissement de l’inflation, la Banque centrale européenne (BCE) a décidé de ne pas relever le niveau de ses taux directeurs, après 10 hausses consécutives. L’annonce d’une stabilisation des taux de crédit pour les particuliers ? C'est une première depuis juin 2022. Le 26 octobre, la Banque centrale européenne (BCE) a mis fin au cycle de hausse de ses taux directeurs, limitant le compteur à dix hausses consécutives. Cette décision de l’institution monétaire n’a rien d’une surprise. Une inflation en recul et une hausse des taux directeurs de la BCE mise en pause En effet, en septembre, la BCE a fait comprendre qu’elle “pourrait procéder à une pause dans sa course à la remontée des taux”, rappelle le site Capital.fr. C’est désormais chose faite. L’institution aurait même pu agir dans ce sens dès le mois dernier. “La hausse des taux de septembre n'était pas absolument nécessaire”, estime Gilles Moëc, le chef économiste d'AXA, interrogé par Les Echos. La politique monétaire de la BCE avait en effet déjà porté ses fruits, d’après ce spécialiste. Car l’inflation en zone euro était déjà en net recul. Pour rappel, elle est passée de 5,2% en août à 4,3% en septembre, selon Eurostat, la direction générale de la Commission européenne chargée de l'information statistique à l'échelle communautaire. On est donc très loin du pic de 10,6% atteint en octobre 2022, bien que l’objectif de la BCE soit de revenir à un rythme d’augmentation des prix à 2% d’ici le troisième trimestre 2025. Une politique monétaire stricte qui a fait grimper les taux immobiliers Par ailleurs, Christine Lagarde, la présidente de l’institution monétaire, reconnaît elle-même qu’il était temps d’arrêter le durcissement de sa politique. “La demande internationale molle et les conditions financières plus dures pèsent sur l’investissement et les dépenses des consommateurs”. Et pour cause, lorsque la BCE augmente ses taux directeurs, le coût de l’argent pour les banques augmente. De fait, elles répercutent ces hausses sur leurs clients, en relevant les taux de crédit immobilier. Ce qui explique pourquoi en seulement un an et demi, ces taux ont quadruplé. Pour rappel, à la mi-octobre, ils s’élèvent en moyenne à 4,24%, 4,37% et 4,45 % sur 15 ans, 20 ans et 25 ans, selon le courtier Meilleurtaux. Alors qu’en mars 2022, ils tournaient en moyenne autour des 1%. Par conséquent, de nombreux ménages repoussent leur projet d’achat à plus tard, faute de capacité d’emprunt suffisante. En témoigne le nombre de prêts immobiliers octroyés par les banques, qui en France, a chuté de 43,4% au troisième trimestre 2023, d'après l’Observatoire Crédit Logement CSA. Et ce phénomène est également visible à l’échelle européenne. Des emprunteurs bientôt de retour sur le marché ? Pour autant, la présidente de la BCE défend son bilan. Dans sa conférence de presse du 26 octobre, elle a tenu à rappeler que les augmentations de taux passées étaient nécessaires pour ralentir la hausse des prix et redonner du pouvoir d’achat aux consommateurs. Désormais, la question que de nombreux emprunteurs se posent est la suivante : la stagnation des taux directeurs de la BCE va-t-elle permettre de freiner la hausse des taux de crédit ? Rien n’est moins sûr. Car si l’augmentation des taux d’intérêt, de - 0,5% à 4% en quinze mois, est terminée, ses effets n’ont pas fini de se transmettre à toute l’économie. En outre, Le fait d’avoir choisi le statu quo aujourd’hui “ne signifie pas que nous ne procèderons plus jamais à un relèvement (...)”, affirme Madame Lagarde, qui préfère rester prudente quant à l’avenir. Les emprunteurs devront donc être patients avant d’entrevoir une stabilisation des taux, voire une baisse de ces derniers.