Les taux de crédit immobilier continuent de grimper, jusqu’à dépasser la barre des 3,60% sur 20 ans chez certains courtiers. De fait, les difficultés pour souscrire un crédit s’accroissent pour de nombreux emprunteurs. Décryptage. Le taux de crédit immobilier moyen dans les banques début mai s’élève à 3,30% sur 20 ans selon le relevé mensuel de Meilleurtaux. Pour comparaison, “le taux moyen sur 20 ans était de 3,20% début avril”, rappelle le site d’information MoneyVox. Soit le taux moyen pour un emprunt sur 15 ans passe à 3,20% et, sur 25 ans, il s’élève à 3,45% selon Meilleurtaux. Un relèvement des taux liée à la hausse de l’usure Cette hausse des taux n’est pas une surprise. Car depuis le 1er mai, le taux d'usure, ce taux plafond au-delà duquel les banques n'ont pas le droit de prêter, est passé à 4,52% pour un prêt immobilier sur vingt ans et plus, contre 4,24% en avril. Il s’agit de sa plus forte hausse depuis le début de l’année, et elle a un impact direct sur le relèvement des taux de crédit. Interrogée par les Echos sur la hausse de l’usure, notre directrice de la communication, Maël Bernier, considère qu’il s’agit d’une “bonne nouvelle”. Selon elle, “cela redonne de l'air aux banques pour prêter au juste prix eu égard aux taux auxquels elles empruntent”. En effet, aujourd’hui, elles sont nombreuses à considérer que “le coût de la ressource est trop élevé”, explique notre porte-parole à MoneyVox. En clair, prêter coûte trop cher aux banques, et ce relèvement du taux d’usure permet de suivre ces évolutions sans nouveau blocage pour les emprunteurs. Un accès au crédit qui s’amenuise pour certains emprunteurs Dans un contexte où “les établissements bancaires ne gagnent plus d'argent sur le crédit immobilier”, selon les mots de Maël Bernier, ils n’ont plus d’intérêt à prêter de l’argent. Ou du moins, ils vont le faire, mais avec parcimonie, en étudiant les profils d’emprunteurs à la loupe encore davantage. Dans ces conditions, souscrire un crédit immobilier ne semble donc accessible qu’à une minorité d’emprunteurs. « Ceux qui sont plus facilement éligibles, ce sont les secundo-accédants qui ont un bien à vendre et qui, grâce à la plus-value effectuée, arrivent avec de l'apport et ont donc un emprunt moins important à faire », juge Maël Bernier. Les vannes du crédit immobilier prochainement réouvertes Alors que l’étau se resserre de mois en mois pour les emprunteurs, à mesure de l’augmentation des taux de crédit, l'Observatoire Crédit Logement CSA relève que le nombre de prêts accordés par les établissements de crédit est en chute de 40,6% sur un an. Et lorsque les Français parviennent à emprunter de l’argent, c’est généralement pour acheter moins grand. En effet, l’Observatoire relève que depuis un an, la surface achetable a reculé dans toutes les grandes villes, en réponse à la hausse des taux d’intérêt et des prix des logements. Toutefois, la directrice de communication de Meilleurtaux est optimiste. Elle assure à MoneyVox que “les banques vont réouvrir le robinet du crédit immobilier” sous des échéances courtes : “cet été, et encore plus sûrement en septembre”, précise-t-elle. A la condition, toutefois, que le taux des OAT à 10 ans (les taux des emprunts d’Etat), qui était de 2,89 % au 28 avril selon la Banque de France, se stabilise.