Après des années d’effervescence permises des taux d’intérêt exceptionnellement bas, l’heure est au retournement pour le marché immobilier ancien en France. Dans un contexte inflationniste, selon l’Observatoire Crédit Logement CSA, les prêts immobiliers se négociaient le mois dernier à 3,15 %, contre seulement 1,07 % en début 2022. Les notaires s’attendent à une baisse du volume de transactions et une hausse des prix au cours des prochains mois. Les volumes reviennent à leur niveau d’avant la crise sanitaire Important Les taux en forte progression et les difficultés d’accès au prêt immobilier pèsent sur l’activité. La dernière note de conjoncture des Notaires de France, en date du 15 mai, montre une baisse du nombre de contrats conclus. En août 2021, cet indicateur avait atteint pour la dernière fois un pic avec un total cumulé de 1 205 000 transactions finalisées sur une année glissante en France, en excluant Mayotte. Depuis, la tendance baissière se poursuit. Sur 12 mois cumulés à février 2023, les notaires ne recensaient plus que 1 083 000 opérations bouclées, soit un recul de 8,1 % sur un an après -5,5 % en sortie d’été 2022. Selon les notaires, En cas de maintien du rythme actuel, le volume cumulé pourrait retomber sous le seuil du million avant la rentrée 2023 Alors que les semaines précédant l’arrivée des beaux jours sont traditionnellement fastes en matière de vente, il semble que cela ne sera pas le cas cette année. Malgré l’accélération du mouvement de repli, les Notaires de France relativisent, soulignant que Les volumes reviennent à leur niveau pré-pandémique après les résultats exceptionnels de 2019. C’est uniquement durant cette période, marquée par des taux moyens proches de 1 %, que le nombre de ventes sur un an a franchi le cap du million. Pour les notaires, Les chiffres actuels sont largement positifs par rapport à ceux observés au lendemain de la crise financière de 2008, avec un volume cumulé de 564 000 transactions sur une année glissante. Les prix baissent en Île-de-France et leur hausse ralentit ailleurs En dépit d’un décrochage modéré, une baisse générale des prix est attendue. Les professionnels du marché le ressentent déjà en Île-de-France et dans la plupart des métropoles françaises. Selon les Notaires du Grand Paris, Entre janvier 2022 et janvier 2023, le prix médian au mètre carré des appartements parisiens anciens a perdu 1,6 % et se situe à 10 410 euros. Et en s’appuyant sur les promesses et compromis de vente, il devrait descendre à 10 250 euros d’ici fin mai, en recul de 2,7 % sur un an. Les notaires se disent surpris par cette baisse inédite des prix des appartements, la première depuis 7 ans. Rien n’indique que la courbe va s’inverser, au contraire. Pour mai 2023, ils anticipent des diminutions annuelles respectives de 3,4 % et 1,2 % des prix au mètre carré en petite couronne et en grande couronne. Encore une fois, les experts rappellent que La correction succède à de fortes hausses à la fin de la pandémie. Pour mémoire, au dernier trimestre 2022, les prix médians au mètre carré des appartements anciens affichaient une croissance annuelle à deux chiffres en plusieurs endroits : Haute-Corse (+16,4 %), Orléans et Poitiers (+14,6 %), Martinique (+ 11,3 %), Marseille (+11,1 %). En comparaison, la moyenne nationale se situait à +4,8 %. Dans les autres régions, le durcissement des conditions d’accès au crédit immobilier et son renchérissement freinent la hausse des prix des biens anciens en métropole, mais l’heure n’est pas encore à une véritable baisse. Les projections des notaires basées sur les avant-contrats signés à fin mai 2023 indiquent que Les prix des logements n’augmenteront que de 1,3 % sur un an à fin mai 2023. La décélération sera plus marquée pour les appartements par rapport aux maisons individuelles, avec des majorations limitées à +0,3 % et +2 %. Le Conseil supérieur du notariat annonce néanmoins dans sa note de conjoncture un recul global de 0,9 % à fin mai pour les logements individuels et collectifs. Cette conclusion s’appuie sur les évolutions des indices de prix sur trois mois. À retenir Le marché immobilier ancien en France connaît un retournement après des années de dynamisme en raison de la hausse des taux d’intérêt, consécutive à l’inflation. Les notaires prévoient une baisse du volume de transactions à cause des difficultés d’accès au crédit immobilier. Les prix des biens immobiliers connaissent une baisse en Île-de-France et une hausse moins marquée dans d’autres régions.