Depuis plusieurs mois, les professionnels de l’immobilier et les candidats à l’accession à la propriété dénoncent le durcissement des critères d’octroi de prêts immobiliers. Cette rigueur a entraîné une baisse de la production de crédits et du nombre de transactions. Cependant, la Banque de France ne semble pas s’inquiéter de cette situation et parle d’une « normalisation » du marché après des années de taux bas historiques. Les taux élevés pèsent sur la production de crédit et les ventes La hausse des taux d’emprunt immobilier se poursuit depuis le début de l’année. Après être descendue à 1 %, voire moins pour les dossiers solides, la moyenne se situe maintenant à 3,25 %. De plus, malgré une légère baisse, les prix des biens restent élevés. Enfin, les règles d’endettement imposées par le Haut Conseil de Stabilité Financière limitent l’accès au crédit. ImportantMême les ménages ayant des revenus confortables et un apport personnel important se voient refuser un financement bancaire s’ils dépassent un taux d’effort de 35 %. En conséquence, pour le mois d’avril 2023, le montant des nouvelles souscriptions de crédits s’élève à 12 milliards d’euros, en excluant les renégociations. Ce chiffre est nettement inférieur à la moyenne mensuelle observée en 2021, qui était de 20 milliards. Dans ce contexte, de nombreux ménages renoncent à leur projet immobilier, qu’ils soient primo-accédants ou investisseurs locatifs. Les professionnels du secteur dénoncent également un net ralentissement de l’activité. Une réunion est prévue au sein du HCSF afin de réfléchir à un éventuel assouplissement des règles d’octroi de prêts. La Banque de France défavorable à un assouplissement des règles Cependant, contrairement à Bercy, la Banque de France, dont le gouverneur fait partie du Conseil, adopte une position plutôt défavorable sur cette question. La sous-gouverneure de l’institution, Agnès Bénassy-Quéré, estime que La baisse du nombre de crédits accordés ces derniers mois est due à un ajustement après une période d’effervescence causée par les taux d’intérêt exceptionnellement bas. Agnès Bénassy-Quéré Elle souligne également que La France dépasse l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne en termes de production de prêts immobiliers. En Allemagne, en raison d’une baisse marquée sur un an, les encours s’élèvent seulement à 9 milliards d’euros, malgré une population plus importante qu’en France. En Italie et en Espagne, les encours sont encore plus bas, à moins de 4 milliards d’euros pour chaque pays. Enfin, elle rappelle que La dette des ménages français représente désormais 65 % du produit intérieur brut, passant ainsi d’un des plus faibles à l’un des plus élevés parmi les quatre grands pays de la zone euro. Selon cette économiste, Tous ces facteurs justifient le maintien des règles actuelles. Pas d’exception pour les investissements locatifs et les achats de résidences secondaires De leur côté, ImportantLes banques réclament au moins une plus grande marge de manœuvre pour les investisseurs locatifs et les acquéreurs de résidences secondaires. Actuellement, elles sont autorisées à déroger au niveau et à la durée d’endettement (35 % et 25 ans) pour 20 % de leur production de crédits, mais à 80 % pour l’achat d’une résidence principale et à 33 % pour les primo-accédants. Cependant, la sous-gouverneure ne cache pas ses réticences à étendre ces exceptions, estimant que Le faible rendement, en particulier dans les zones tendues, constitue le principal frein au financement des investissements locatifs. Elle voit même dans la « normalisation » du crédit à l’habitat un Moyen de rationaliser l’offre de nouveaux logements sur l’ensemble du territoire en limitant la multiplication des résidences secondaires et des meublés touristiques. À retenir Les critères d’octroi de prêts immobiliers se sont considérablement durcis, entraînant une baisse de la production de crédits et du nombre de transactions. La Banque de France considère la situation comme une « normalisation » du marché du crédit après des années de taux bas historiques. Les banques réclament une plus grande marge de manœuvre pour les investissements locatifs et les achats de résidences secondaires. Contrairement à Bercy, la Banque de France veut privilégier le maintien des règles actuelles d’octroi de prêts en raison de la dette élevée des ménages français.