Selon une étude dévoilée par France Stratégie et le ministère du Travail, de nombreuses régions de France devraient souffrir d’un cruel manque de main d’œuvre pour atteindre les objectifs de la planification énergétique du pays d’ici 2020. Décryptage. Des objectifs ambitieux mais un manque de bras. Voici comment on pourrait résumer le rapport de France Stratégie et de la Dares, la direction statistique du ministère du Travail, présenté le 3 juillet lors de la deuxième conférence des métiers et des compétences. Un objectif de 61 % d'émissions en moins d’ici 2030 En effet, l'effort de rénovation énergétique des bâtiments, demandé par le Secrétariat général à la planification écologique (SGPE), est colossal : 61 % d'émissions en moins d’ici 2030. Et surtout, pour être accompli, il nécessite de la main-d’œuvre dans tous les corps de métiers : des ouvriers mais également des cadres. Or, le rapport du centre de réflexion rattaché à la Première ministre fait le constat d’une pénurie d’effectifs dans le secteur du bâtiment. Une pénurie qui s’élève au total à 220 000 personnes sur l’ensemble du pays, alors même que “l'effort de rénovation nécessitera 250 000 emplois supplémentaires sur la période, tous métiers confondus”, soulignent Les Echos. 100 000 postes vacants pour les ouvriers qualifiés du second œuvre, 26 000 pour les cadres Pour en arriver à cette conclusion, les auteurs du rapport ont analysé plusieurs données, telles que “la proportion de passoires énergétiques par département, de logements chauffés au fioul, de départs en retraite, de créations nettes d'emplois, d’arrivées sur le marché du travail de jeunes diplômés…”, ajoute le média. Ils tirent alors le constat qu’à l’horizon 2030, il y a globalement un manque de bras sur tout le territoire. Celui-ci s’explique notamment par “une faible attractivité de ces métiers”, selon Hélène Garner, la directrice du département travail, emploi et compétences de France Stratégie. Et ce, même chez les cadres, dont les postes vacants sont estimés à 26 000 sur la période 2019-2030, contre 100 000 pour les ouvriers qualifiés du second œuvre. L'Ile-de-France et l'Auvergne-Rhône-Alpes, régions les plus touchées par le manque de bras Toutes les régions ne souffrent toutefois pas des mêmes déséquilibres de main-d’œuvre, souligne le rapport. Ainsi, avec un total estimé à 65 000 postes non pourvus d’ici 2030, l'Ile-de-France arrive en tête des régions les plus touchées par la pénurie de main-d’œuvre nécessaire par rapport aux besoins en rénovations énergétiques dans la région. Suivent l'Auvergne-Rhône-Alpes (29 000), et un trio quasi ex aequo composé de l'Occitanie, la Paca et la Nouvelle-Aquitaine (20 000 ou légèrement plus). Alors bien sûr, des besoins en main-d’œuvre pourraient être comblés par certaines catégories de la population, non comptabilisés par France Stratégie et le ministère du Travail : les chômeurs, les immigrés ou encore ceux qui comptent se reconvertir professionnellement. Mais à eux seuls, ils ne couvriront surement pas le déficit en main-d’œuvre dont devrait souffrir le bâtiment étant donné l’ampleur du chantier.