C’est officiel. Le taux d’usure, taux maximum au-dessus duquel une banque ne peut pas prêter, dépasse le seuil des 5% pour les prêts les plus longs. Une situation inédite depuis plus de 10 ans. Le taux d'usure, taux maximum « tout compris » (assurance et frais bancaires inclus) au-dessus duquel une banque ne peut pas prêter, poursuit son ascension. Mensualisé depuis le 1er février jusqu’à la fin 2023, alors qu’il était revu tous les trimestres auparavant, le taux d’usure paru jeudi au Journal Officiel (JO) pour le mois de juillet, dépasse les 5 %. Non seulement, il s’agit d’une première depuis 2012. Mais en plus, c'est une “hausse notable” par rapport au mois de juin, estime Maël Bernier, notre porte-parole. En effet, le taux d’usure gagne 0,41 point pour les prêts les plus longs, soit ceux sur 20 ans et plus, pour atteindre 5,09%. Pour comparaison, sur cette même durée de prêt, le taux d’usure moyen sur les trois derniers mois était de 3,82%, selon Légifrance. Enfin, pour les prêts allant de dix à vingt ans, le taux d'usure atteint désormais 4,84 %, et 4,11% pour les prêts inférieurs à 10 ans, indique le JO. Des banques qui vont pouvoir “reconstituer leur marge” Cette remontée très rapide du taux d’usure n’a rien de surprenant. Elle reflète simplement le durcissement de la politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE). En effet, pour combattre l'inflation, la BCE augmente ses taux directeurs. La conséquence, pour les banques, c’est que pour financer leurs clients, elles empruntent donc à des taux plus élevés. Or, avant la mensualisation de l’usure, elles ne pouvaient pas répercuter en direct à leurs clients cette hausse des taux qu’elles subissent. En conséquence, elles ne prêtaient plus, ou presque, pour éviter de perdre de l’argent. Le relèvement du seuil de l’usure est donc une “bonne nouvelle” pour les banques, selon Maël Bernier. Il devrait leur permettre de “reconstituer leur marge”, et ainsi dégripper le crédit. Côté emprunteurs, il s’agit également d’une bonne nouvelle. Du moins, pour ceux qui peuvent encore contracter un crédit avec des taux qui sur 20 ans, atteignent en moyenne 3,72%. Mais “mieux vaut un crédit + cher que pas de crédit du tout !”, estime la porte-parole de Meilleurtaux. Un taux “plafond” Comme le rappelle le journal Les Echos, ce taux [de 5,09% pour les prêts d’une durée de 20 ans et plus, ndlr] reste “un plafond”. “A fin avril (derniers chiffres disponibles de la Banque de France), les crédits immobiliers atteignaient en moyenne 3,19 % (assurance incluse), loin du taux d'usure alors en vigueur (4 % pour les prêts de plus de vingt ans)”, précise le média.