Selon la Banque de France, la production de nouveaux crédits s’est effondrée entre les étés 2022 et 2023. En cause, l’inflation et la hausse des taux, qui plombent la capacité d’emprunt des Français. Dans ce contexte, la baisse des prix de l’immobilier se fait toujours attendre. Malgré l’envie de nombreux Français de devenir propriétaires, ils sont de plus en plus à repousser leur projet d’achat. Selon les dernières données de la Banque de France, la production de nouveaux crédits est passée de 19 milliards d’euros en juin 2022, à 11,1 milliards un an plus tard. Soit une chute de 41%. Et entre mai 2022 et juin 2023, la production de nouveaux crédits a même été divisée par deux. Des taux de crédit multipliés par deux en un an Les causes de ce marché immobilier en berne sont bien connues. Entre mai 2022 et juin 2023, les prix à la consommation n’ont cessé de grimper. Selon l’Insee, l'inflation annuelle s'établissait ainsi à +5,2% en 2022, et devrait atteindre +5,6% en 2023 selon les prévisions de l’institut statistique. Pour contrer l’inflation galopante, la Banque centrale européenne (BCE) a durci sa politique monétaire. En juin dernier, elle augmentait pour la neuvième fois consécutive ses taux directeurs. Ainsi, le taux de refinancement - soit celui auquel les banques et les institutions financières empruntent à la BCE - est passé à 4,25%. Une hausse du coût de l’argent pour les banques, que ces dernières ont répercuté sur les taux d’emprunt des ménages aspirant à devenir propriétaires. En juin 2023, les taux moyens des crédits ont atteint 3,59% sur 15 ans, 3,72% sur 20 ans et 3,84% sur 25 ans. Contre respectivement 1,65%, 1,79% et 2% en juin 2022. Et aujourd’hui, ils continuent même de grimper. En effet, depuis la mi-juillet, les taux ont dépassé la barre symbolique des 4% pour les prêts les plus longs. Une situation “normale” pour Bercy et la Banque de France En conséquence, les Français perdent nettement en pouvoir d’achat, ce qui altère leur capacité à emprunter. Et ce, “malgré les efforts du gouvernement pour assouplir les règles d'octroi du crédit, notamment avec la mensualisation du taux d'usure”, rappelle le site d’information MoneyVox. Une situation qui ne semble pas inquiéter la Banque de France pour autant. “Nous revenons à un niveau observé régulièrement avant 2015, on a quitté l’exubérance des dernières années, nous sommes dans une phase de normalisation et ne sommes pas préoccupés”, affirme François Mouriaux, le directeur des statistiques monétaires et financières de l’institution interrogé dans les colonnes du Parisien. Même son de cloche du côté de Bercy, qui considère que “l’immobilier [...] a quitté une période exceptionnelle d’activité pour revenir à un niveau plus normal”. Une baisse des prix insuffisante et non uniforme Le ministère de l’Economie cherche à rassurer les emprunteurs, promettant une baisse des prix de l’immobilier, qui leur permettra de regagner du pouvoir d’achat et accéder de nouveau au crédit. Cette baisse s’est d’ailleurs amorcée dans certaines villes de France. D’après une étude « Meilleurs Agents - Les Echos », à Lyon, Bordeaux et Nantes, entre le 1er août 2022 et le 1er août 2023, les prix ont respectivement reculé de 8,4%, 7,3% et 3,3%. Cependant, quand bien même les prix aient chuté dans certaines métropoles, cette baisse est loin d’être suffisante. “Pour contrebalancer la montée des taux d’intérêt de 1% à 4% et maintenir le pouvoir d’achat, il aurait fallu que les prix baissent de 25%”, rappelle Maël Bernier, porte-parole de Meilleurtaux. Enfin, cette baisse de prix est loin d’être uniforme au niveau national. Au 1er août, le prix moyen du mètre carré en France “atteint 3 176 euros pour une maison ou un appartement, soit un prix moyen identique à celui constaté début août 2022”, selon l’étude. Il progresse même de 0,1 % par rapport au 1er juillet. De nombreux emprunteurs devront donc s’armer de patience pour acquérir le bien de leurs rêves.