La Fondation Abbé Pierre a publié lundi les chiffres de son programme SOS Taudis lancé en 2012. Il révèle des conditions de logement dégradées dans les zones urbaines et rurales, et la nécessité d’apporter des aides concrètes aux personnes atteintes de mal-logement. Des drames fréquents En novembre 2018, l’effondrement d’immeubles à Marseille a remis en avant la problématique du mal-logement et de l’habitat indigne, selon l’expression de la Fondation Abbé Pierre. En effet, l’insalubrité de certains logements fait froid dans le dos et provoque parfois des drames. Très présent dans les centres villes anciens, dans certaines résidences des grandes agglomérations, mais aussi dans les petits bourgs anciens et dans les villages éloignés, l’habitat indigne compte aujourd’hui 600 000 logements selon la Fondation, et 420 000 habitats selon le gouvernement. Problèmes d’humidité, absence de chauffage, toiture en mauvais état, soucis d’isolation… Les difficultés de mal-logement et d’insalubrité des habitations concerneraient plus d’1,3 million de Français. Nombre d’entre eux sont des personnes âgées, vivant sous le seuil de pauvreté (1026 euros par mois pour une personne seule selon l’INSEE). Vivre dans un taudis La moitié des Français vivant dans des logements vétustes sont des propriétaires, n’ayant pas les moyens de faire réaliser des travaux pour réaliser un logement décent. Ils n’ont pas non plus la capacité financière de trouver un autre logement ailleurs et de payer un loyer. Pour beaucoup, ils ont subi la crise du logement, et ont de réelles difficultés d’investissement. Aussi, ils se retrouvent avec des logements peu chers, parfois déjà dégradés. Dans la plupart des cas, quelques travaux pourraient suffire à réhabiliter leur lieu de vie. Lutter contre l’habitat indigne C’est pour soutenir les personnes confrontées à ces difficultés que la Fondation Abbé Pierre a lancé son programme SOS Taudis en 2012. En plusieurs années, il a notamment permis d’intervenir sur de nombreuses régions françaises, via des partenaires sur place, pour accompagner et soutenir les propriétaires mal-logés à réaliser des travaux. 2 000 foyers ont ainsi bénéficié de ce programme qui a coûté plus de 9 millions d’euros à l’association et rendu public l’action en faveur des mal-logés. En effet, des aides publiques existent, comme l’Anah, qui a rénové 12 197 logements en 2018, grâce à une subvention de 126,2 millions d’euros. Néanmoins, selon la responsable du programme SOS Taudis, les logements se dégradent dans le temps, quand vous rénovez un taudis, deux autres se créent. Il s’agit donc pour l’association de viser la résorption complète des taudis en France d’ici 10 ans. Un objectif entendu par le ministre du logement Julien Denormandie, qui a commandé un audit aux préfets, afin de faire un état des lieux de l’habitat indigne dans chaque département. Il devrait se prononcer fin mai sur les constats effectués en régions. En parallèle, les mesures pénales et coercitives de l’Etat contre les marchands de sommeil et contre les autres propriétaires proposant des logements vétustes poursuivent leur cours.