À compter du 1er décembre, le seuil de l’usure dépasse la barre des 6% pour les prêts immobiliers les plus longs. Du jamais vu depuis 2010. On ne les compte plus. Les hausses du taux d’usure, soit le taux maximum légal que les établissements de crédit sont autorisés à pratiquer lorsqu'ils vous accordent un prêt, se poursuivent une nouvelle fois. Jusqu'à atteindre des records, puisqu’au 1er décembre, ce taux passera à de 5,91% à 6,11% pour les prêts conclus pour une durée supérieure ou égale à 20 ans. Il s’agit d’un “niveau inédit depuis 2010”, rappelle le site d’information MoneyVox. Quant aux crédits d’une durée comprise entre 10 ans et 20 ans, le taux d’usure atteindra 5,8%, et 4,4% pour les prêts de moins de 10 ans, selon l'avis publié au Journal officiel du 29 novembre. Une mensualisation du taux d’usure censée se poursuivre jusqu’au 1er février 2024 Pour autant, le pic de l’usure n’est peut-être pas encore atteint. Car son seuil pourrait, de nouveau, être réhaussé par la Banque de France dès janvier. En effet, à moins que celle-ci et le gouvernement en décident autrement, la mensualisation du taux d’usure est censée se poursuivre jusqu’au 1er février 2024. Et ce, avant de repartir sur un cycle de révision trimestrielle de l’usure. Car pour rappel, le taux d'usure est en principe actualisé tous les trois mois. Mais ce mode de calcul a été exceptionnellement revu au 1er février dernier, puisqu’il était accusé de bloquer l’accès au crédit à de nombreux emprunteurs. En effet, en étant révisé tous les trimestres, il avait systématiquement un train de retard sur les taux d’intérêts, qui eux, augmentaient à un rythme effréné. Un blocage partiellement résorbé, mais au prix de taux d’intérêts élevés A l’origine, la mensualisation de l’usure devait durer six mois, soit jusqu’au 1er juillet. Mais devant les difficultés persistantes des emprunteurs, il a été décidé en juin de prolonger ce mode de calcul de six mois supplémentaires, jusqu’au 1er février 2024 donc. Une mesure qui, semble-t-il, a porté ses fruits, puisque les emprunteurs ont progressivement fait leur retour sur le marché. En témoigne la baisse des refus de prêts par les banques, constatée par certains courtiers. En revanche, si le nouveau mode de calcul de l’usure n’est plus un facteur bloquant pour les futurs acquéreurs, les taux de crédit pratiqués par les banques ont continué d’augmenter Puisque pour rappel, avant la mensualisation de l’usure en janvier, les taux restaient sous la barre des 3% pour les prêts les plus longs, selon Meilleurtaux. Alors qu’aujourd’hui, ils ont dépassé les 4,60% sur cette même durée de prêt. Ce qui réduit la capacité d'emprunt de nombreux ménages. Que les emprunteurs se rassurent toutefois : malgré la hausse de l’usure, les taux d’emprunt semblent se stabiliser depuis quelques semaines. Notamment parce qu’après avoir entamé une politique de resserrement monétaire pour tenter de juguler l’inflation, la Banque centrale européenne (BCE) a commencé a lâché du lest le mois dernier, en maintenant stables ses taux directeurs. Reste à voir si l’institution décide à l’avenir de garder le même cap.