Le ministère de la Transition écologique a récemment publié ses chiffres provisoires concernant le nombre de permis de construire accordés. Ceux-ci font apparaître une chute de 28,3 % entre octobre 2022 et septembre 2023. Ce recul accentue les tensions sur le marché de l’immobilier neuf. La situation préoccupe les promoteurs au plus haut point, notamment l’impact sur l’emploi. Recul marqué des permis de construire et des mises en chantier sur un an Depuis août 2022, à peine 30 000 permis de construire sont délivrés chaque mois. Important Au total, sur une année glissante en septembre, seulement 371 300 autorisations pour de nouveaux logements ont été comptabilisées. La baisse observée sur les 12 mois (-28,3 %) est d’autant plus importante qu’au cours de la période précédente, la perspective de dates butoirs réglementaires avait fait grimper le nombre de permis à un niveau record. Les mises en chantier, qui reflètent avec un décalage de quelques mois l’évolution des autorisations signées, s’affichent également en nette décroissance (-16,6 %). Sur 12 mois, à peine 315 800 constructions ont été commencées. Selon le ministère, Les ouvertures de chantiers de maisons individuelles sont tombées à un niveau bas inédit en 23 ans. Tous les types d’habitats sont touchés par cette dégringolade des autorisations. L’individuel est le plus sévèrement impacté, avec une érosion de 31,8 %, suivi par les logements collectifs, en repli de 28,3 %, et l’individuel groupé, dont les lotissements, en diminution de 27,6 %. Les résidences, incluant celles réservées aux étudiants, aux seniors, ne sont pas épargnées, mais s’en sortent mieux, avec une baisse limitée à -19,7 %. Un risque pour les emplois chez les promoteurs Le président de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) dénonc Une situation catastrophique pour l’immobilier neuf. Plusieurs facteurs expliquent cette crise : la dégradation du pouvoir d’achat des Français en raison de l’inflation ; la remontée brutale et marquée des taux d’intérêt, qui exclut un grand nombre de candidats à l’accession à la propriété, en particulier les primo-accédants jeunes et modestes ; l’envolée du prix des matériaux, et des coûts de construction en général, en raison du contexte géopolitique mondial ; le durcissement de la règlementation environnementale sur le segment du neuf qui ajoute des contraintes et génère des dépenses additionnelles. Les carnets de commandes considérablement réduits des promoteurs sont révélateurs des difficultés rencontrées. Selon la FPI, Les réservations décrochées pour 2023 devraient être divisées par deux par rapport à une année classique. Son président, Pascal Boulanger, déclare ainsi que Faute de réussir à commercialiser leurs programmes, de nombreux promoteurs choisissent de les interrompre. Pascal Boulanger Il recommande aux particuliers d’acheter pendant que des stocks sont encore disponibles, car l’offre risque d’être très limitée en 2024. Pascal Boulanger Ce professionnel redoute par ailleurs les effets de la crise sur l’emploi. Sans changement rapide, la Fédération française du bâtiment craint de voir disparaitre 150 000 postes sur le secteur sur la période 2024-2025. Les professions connexes (architectes, notaires, etc.) seront également victimes de la crise, avec quelque 150 000 emplois supprimés. Pascal Boulanger affirme que Les embauches sont gelées chez les promoteurs de toutes tailles, lesquels ont également suspendu les remplacements de salariés retraités ou démissionnaires. Pascal Boulanger À retenir Le nombre de permis de construire et de mises en chantier de logements neufs a chuté de 28,3 % et 16,6 % respectivement entre octobre 2022 et septembre 2023. La crise du logement neuf menace l’emploi dans le secteur du bâtiment et des professions connexes. La crise est due à la dégradation du pouvoir d’achat, à la remontée des taux d’intérêt, à l’envolée des prix des matériaux et au durcissement de la règlementation environnementale. Les promoteurs immobiliers sont confrontés à une baisse des réservations et de l’offre, ce qui pourrait conduire à une pénurie de logements neufs en 2024.