Face à l’inflation, la Banque Centrale européenne durcit sa politique monétaire et relève ses taux directeurs. En outre, depuis le début de l’année, les taux de l’usure sont révisés mensuellement et non plus trimestriellement. Ce changement de règle permet aux banques d’appliquer des hausses de taux d’intérêt plus importantes. Pour ce mois de juin, la barre des 4 % vient d’être franchie pour les prêts à l’habitat souscrits sur 25 ans. Cela signifie un bond de 300 % au cours des 18 derniers mois. Des taux proches de 4 % pour tous les profils d’emprunteurs Sur les 17 derniers mois, les taux des crédits immobiliers ont enregistré une hausse continue. Encore proches du seuil historique de 1 % en début 2022, ils tournent aujourd’hui autour de 4 %. Fait inédit, toutes les catégories d’emprunteurs, incluant ceux ayant des revenus plus confortables, sont concernées. Les barèmes des grands courtiers le montrent. En moyenne, les ménages qui touchent moins de 40 000 € par an se voient appliquer un taux de 3,9 % s’ils s’endettent sur 20 ans, et de 4,10 % pour un prêt sur 25 ans. Avec des revenus annuels allant de 40 000 € à 80 000 €, les taux moyens s’établissent à 3,70 % et 4%respectivement sur 20 ans et sur 25 ans. Les profils avec des revenus supérieurs à 80 000 € paient entre 3,60 % d’intérêt sur 20 ans et 3,80 % sur 25 ans. ImportantLa réticence des vendeurs à diminuer les prix des biens, conjuguée à la remontée des taux pèse de plus en plus sur le pouvoir d’achat immobilier des Français. Il faut également compter avec les normes d’endettement imposées par Bercy, à 35 % au maximum. Afin d’améliorer leur capacité d’emprunt, les acheteurs envisagent des options comme l’allongement de la durée de remboursement, ou un apport personnel plus conséquent, entreprise complexe pour un nombre croissant de ménages aspirant à devenir propriétaires. Les perspectives concernant les taux pour le deuxième semestre 2023 L’évolution des taux pour les prochains mois repose sur la politique que va décider par la Banque centrale européenne (BCE) lors de sa réunion du 15 juin concernant ses taux directeurs. Selon les économistes, en dépit du recul de l’inflation observé en mai en France, en Espagne et en Allemagne, il faudra attendre la deuxième moitié de 2023 pour espérer une inversion de la tendance en matière de taux. À moyen terme, la baisse des taux directeurs pourrait avoir un effet positif sur la croissance. Les ménages qui empruntent actuellement à 4 % ont des chances de réaliser des économies substantielles en renégociant leur contrat dans quelques années. En effet, un différentiel de 0,8 point au minimum entre le taux initial et le nouveau taux est nécessaire pour tirer profit d’une opération de rachat de crédit. A retenir Après 17 mois de hausse continue, les taux d’intérêt des prêts immobiliers atteignent actuellement 4 % pour toutes les catégories d’emprunteurs, y compris ceux ayant des revenus plus élevés. L’évolution des taux d’intérêt dépendra de la politique de la BCE, mais les économistes n’attendent pas d’inversion de la tendance avant la deuxième moitié de 2023. Les prix élevés des biens immobiliers, combinés à la hausse des taux d’intérêt, exercent une pression croissante sur le pouvoir d’achat immobilier des Français. Les normes d’endettement imposées par le gouvernement limitent la capacité d’emprunt des acheteurs à un maximum de 35 %, les obligeant à envisager des options telles que l’allongement de la durée de remboursement ou un apport personnel plus important.