Les défis du confort thermique en été dans les logements énergivores

Écrit par La rédaction Meilleurtaux . Mis à jour le 6 juillet 2023 .
Temps de lecture : 4 min

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Publié le vendredi 7 juillet 2023 10:26 par la Rédaction Meilleurtaux

Les occupants des passoires énergétiques ne souffrent pas seulement pendant la saison froide. Durant l’été, rafraîchir ces logements énergivores et mal isolés est quasiment impossible. C’est ce que révèle un récent rapport de la Fondation Abbé Pierre qui propose en conséquence d’intégrer au dispositif Ma Prime Rénov’ une subvention pour la pose de protections solaires fixes dans ces habitations.

Impacts lourds des excès de chaleur dans les passoires thermiques

Lorsque l’on parle de précarité énergétique, la plupart des personnes se plaignent du froid dans leur logement. Pourtant, beaucoup souffrent également de la chaleur, surtout en cas de canicule. Selon la Fondation Abbé Pierre,

Les 5,2 millions de passoires thermiques s’apparentent à des « bouilloires » durant la période estivale. L’organisme explique qu’ il est extrêmement difficile de les refroidir, tout comme il est impossible de les chauffer correctement en hiver.

Abbé Pierre

Car d’après le rapport, 59 % des ménages ont souffert de la chaleur dans leur intérieur pendant au moins une journée l’an dernier, soit une hausse de 8 points depuis 2020.

En 2022, les trois vagues de chaleur ont causé un bond de la 17 % de la mortalité, ce qui en a fait l’été le plus meurtrier depuis 2003. Mais même en dehors des épisodes de canicule, des températures élevées dans les habitations créent des risques sanitaires.

Une chaleur excessive due à l’absence de protection solaire

Avec des fenêtres en simple vitrage et sans protection solaire ni volets, des milliers de logements sont inhabitables pendant une bonne partie de l’été. Afin de gagner quelques degrés, certains installent des couvertures de survie devant ces ouvertures. Mais avec des périodes caniculaires plus fréquentes et plus longues, il est difficile de tenir sur la durée avec de telles solutions sommaires.

Et même lorsque les ménages souhaitent installer des protections solaires, une telle opération est parfois interdite en façade à cause des normes de préservation du patrimoine.

À Paris, la municipalité estime que 30 % des chantiers de rénovation énergétique sont incomplets, bloqués ou annulés en raison du véto des Architectes des bâtiments de France (ABF).

Par exemple, pour les immeubles proches de monuments historiques, la pose de volets n’est pas autorisée.

La Fondation relève d’autres facteurs qui contraignent des millions de Français à continuer à vivre dans des logements à très faible performance énergétique :

• la cherté de l’immobilier, qui pousse des ménages à opter pour de petits appartements dont les combles ne sont pas isolées ;
• l’absence de subvention de l’État pour les équipements de rénovation énergétique liés au confort d’été comme les protections solaires, contrairement à l’Allemagne, l’Italie ou la Suède.

Les recommandations de la Fondation pour un meilleur confort thermique

Afin d’améliorer le confort des occupants pendant l’été, la Fondation Abbé Pierre appelle à une revue des documents d’urbanisme et à un allègement des règles de protection du patrimoine.

Abbé Pierre

L’objectif : simplifier la pose de volets et de stores sans dénaturer l’architecture des biens.

ImportantElle propose en outre, dans le cadre du dispositif Ma Prime Rénov’, de soutenir financièrement l’installation de protections solaires fixes ou de végétalisation pour la toiture.

Selon elle, ces petits gestes n’empêchent pas des travaux de plus grande envergure.

La Fondation Abbé Pierre réclame par ailleurs que le confort d’été ne soit pas pris en compte pour le Diagnostic de performance énergétique (DPE), obligatoire pour une vente ou pour une location, et qui détermine l’étiquette du logement.

ImportantL’organisme va encore plus loin, en recommandant l’intégration systématique des dispositifs de protection solaire dans les grands projets de rénovation des copropriétés (ravalement des façades, rénovation des toitures…), avec précision des critères à respecter, comme la couleur.

Dès lors que les règles sont suivies, les ménages pourraient se lancer sans avoir à se soumettre à l’accord préalable de la mairie. Concernant les biens locatifs, elle suggère d’imposer aux bailleurs l’installation de protections solaires ou de volets. Si ces idées n’ont pas d’implication juridique, la Fondation espère des discussions sur le sujet avec tous les acteurs concernés.