Depuis le 1er janvier dernier, les propriétaires de logements très énergivores sont interdits à la location. Mais alors que certains redoutaient de ne pas trouver preneur pour leurs biens, les ventes de ces « passoires thermiques » sont restées stables en 2022. De même, contrairement aux prévisions, le décrochage des prix n’a pas eu lieu. Un volume de ventes stable malgré l’interdiction de location ImportantEn France métropolitaine, les biens les plus gourmands en énergie ne peuvent plus être proposés à la location depuis le début de l’année. Pour mémoire, il s’agit de ceux affichant une consommation annuelle supérieure à 450 kilowattheures par mètre carré. Dans ces conditions, d’aucuns auraient pu penser qu’aucun acquéreur ne voudrait s’engager dans un tel investissement. Mais les passoires thermiques comme on les désigne communément, ont déjoué les pronostics. Les résultats d’une récente enquête menée par le réseau d’agences immobilières Guy Hoquet montrent que Les biens notés F et G au diagnostic de performance énergétique (DPE) ont représenté 8 % de l’offre immobilière en 2022. Guy Hoquet Son président, Stéphane Fritz, a rappelé que L’interdiction de location ne concerne pour l’instant qu’un nombre limité de logements. Stéphane Fritz Une affirmation que confirme l’Observatoire national de la rénovation énergétique, faisant état de 190 000 logements classés G+ auxquels s’applique la réglementation en 2023. Stéphane Fritz D’après les auteurs de l’étude, La majorité des villes concernées ont enregistré des hausses comprises entre 0,1 et 2 points de pourcentage des mises en vente de passoires énergétiques en 2022. Stéphane Fritz La capitale se distingue avec une plus forte proportion de logements F et G dans l’offre (21,6 %, en progression de 8,3 points) par rapport au reste du territoire. Stéphane Fritz attribue ce phénomène à L’ancienneté du parc, qui implique une part plus importante des passoires. Stéphane Fritz Par ailleurs, la plupart des biens font partie de copropriétés, ce qui complique la réalisation des indispensables travaux de rénovation. Des prix de vente seulement inférieurs de 10 % à la moyenne Pour Henry Buzy-Cazaux, président de l’Institut du management des services immobiliers, Les propriétaires de biens énergivores ont surpris le marché en décidant de ne pas céder leur bien. Henry Buzy-Cazaux La plupart ont en effet renoncé à la vente en raison de la décote sur le prix. Les agences Guy Hoquet estiment à 10 % le différentiel négatif du prix des biens classés F et G au DPE par rapport à la moyenne. Nombre de professionnels s’inquiètent du non-respect de la loi, avec des propriétaires bailleurs qui ne réhabilitent pas les passoires énergétiques, et des locataires qui ne les signalent pas. Car dans les zones tendues en particulier, Le soulagement d’avoir un toit sur la tête l’emporte souvent sur les exigences de conformité et de confort. D’autant qu’avec la remontée des taux d’intérêt des crédits immobiliers, et face à l’inflation galopante, beaucoup ont dû annuler ou reporter leur projet d’achat d’une résidence principale. Conscients d’être en position de force, les propriétaires poursuivent la location, faisant fi des futures restrictions. Elles sont prévues respectivement en 2025, 2028 et 2034 pour les biens étiquetés G, F et E. À retenir Le nombre de passoires thermiques vendues est resté stable entre 2021 et 2022 malgré l’interdiction de location. Les prix de vente n’ont chuté que de 10 %. La majorité des propriétaires de logements très énergivores font l’impasse sur les travaux de réhabilitation.