Le marché locatif français traverse une phase de stagnation inédite, caractérisée par une augmentation significative des durées de location et une tension accrue entre l’offre et la demande. Même le segment des meublés, habituellement plus dynamique, n’échappe pas à ce phénomène. Cet article se propose d’examiner les principales raisons de ce ralentissement et ses impacts sur l’évolution du marché. Un allongement inédit des durées de location Les locations meublées, traditionnellement associées à des durées de séjour courtes, connaissent un changement de paradigme. Les dernières données de Lodgis montrent une augmentation de 6 % des durées de location au troisième trimestre 2024, avec une moyenne de neuf mois. Cette tendance se vérifie dans les grandes métropoles comme Paris, où la durée des baux tourne désormais autour de 8,3 mois (+7 %), tandis qu’en région, elle grimpe à 10,9 mois (+4 %). La forte croissance de la demande de résidences meublées (+18 % en 2023) a créé une tension sur le marché, se traduisant par une raréfaction de l’offre et une accélération des délais d’occupation. Face à l’incertitude de trouver rapidement un nouveau logement équivalent, les locataires préfèrent sécuriser leur situation en prolongeant leur bail en cours. La réforme du statut de loueur en meublé non professionnel (LMNP), prévue dans la loi de finances 2025, risque de freiner significativement l’investissement locatif dans le secteur meublé. Loyers : l’escalade se poursuit L’augmentation des loyers, de l’ordre de 3,05 % en moyenne sur un an, constitue un frein supplémentaire à la mobilité résidentielle. Cette hausse, particulièrement sensible en région, accentue les difficultés rencontrées pour trouver un appartement ou une maison à un prix abordable. Par ailleurs, la diminution du nombre d’actifs expatriés, notamment à Paris et à Lyon, influe sur la demande locative et contribue à cette stagnation du marché. En parallèle, l’attractivité de certaines régions, comme l’arc méditerranéen, où de nouveaux profils professionnels s’implantent, modifie les dynamiques locales. Enfin, les étudiants, autre catégorie de preneurs en forte demande, sont de retour dans les métropoles. L’évolution des profils de locataires induit une transformation des types de contrats signés. Ainsi, les baux de résidence principale ont vu leur part augmenter de 4,5 points au troisième trimestre 2024, représentant désormais 42 % des contrats. Parallèlement, les baux étudiants ont progressé de 5 points, atteignant 21 % des signatures. À retenir Le marché locatif français traverse une période de stagnation sans précédent, marquée par des durées de location plus longues, une augmentation des loyers et une évolution des profils de locataires. Cette situation appelle à des solutions politiques et économiques pour rééquilibrer l’offre et la demande, afin de permettre une meilleure fluidité et accessibilité au marché locatif.