Pour juguler l’inflation et faire baisser l’endettement des ménages suédois, le gouvernement a décidé de limiter à 105 ans la durée de remboursement maximale des crédits immobiliers. Une mesure très mal accueillie par le secteur bancaire. Juguler l’inflation et l’endettement Contrairement au prêt immobilier français où l’emprunteur rembourse tous les mois une part du capital et des intérêts, le modèle suédois est un peu particulier. En effet, l’emprunteur paie seulement les intérêts, sans jamais rembourser le capital. Il s’agit en quelque sorte d’un crédit in fine, mais dans ce cas il est sans fin. Le résultat est particulièrement inquiétant. Comme les durées de remboursement dépassent parfois un siècle, les emprunteurs sont contraints de s’endetter à vie. Et en cas de décès, ce sont les héritiers qui doivent rembourser le prêteur. Avec la flambée des prix de la pierre, les ménages suédois figurent aujourd’hui parmi les plus endettés en Europe, avec un taux d’endettement moyen de 366 %. Pour en finir avec cette exception locale, les députés suédois ont voté le 23 mars dernier une loi destinée à limiter à 105 ans la durée de remboursement nominale d’un crédit immobilier. Ces mesures permettraient de maîtriser l’inflation et l’endettement. Jusqu’à cette loi, la durée de remboursement de ces prêts était illimitée. Si bien qu’à la mort de l’emprunteur, les crédits courent toujours et les enfants sont tenus de rembourser le prêteur, le plus souvent en revendant le bien immobilier. Selon une estimation du régulateur financier en 2013, avec ce modèle, la durée moyenne d’un prêt immobilier, s’il y en avait une, pouvait aller jusqu’à 140 ans. Un phénomène de plus en plus inquiétant, surtout que ce type de prêt concerne plus d’un tiers des crédits immobiliers souscrits en Suède (32 % des crédits souscrits en 2014). Une nouvelle donne De nouvelles règles, qui s’appliquent uniquement aux nouveaux crédits, ont également été prévues. Ainsi, lorsque le montant de l’emprunt se situe entre 50 et 70 % du prix d’achat, l’emprunteur devra rembourser au moins 1 % du capital tous les ans. Si le prêt est destiné à financer l’acquisition d’un logement neuf, l’acheteur est exempté de remboursement pendant les cinq premières années. Dans le cas où l’emprunt représente 70 % à 85 % du prix du bien (le maximum autorisé), l’emprunteur est tenu de rembourser au moins 2 % du capital tous les ans. Toutefois, les banques estiment que ces mesures risquent de renchérir le coût des crédits et de constituer ainsi un danger pour la stabilité financière.