Après les banques danoises, les établissements de crédit belges proposent à leur tour des prêts immobiliers à taux négatifs. Ce phénomène, complètement ubuesque, reste toutefois marginal puisqu’il ne concerne qu’une poignée de clients. Des crédits devenus « gratuits » Être rémunéré pour rembourser l’emprunt de sa maison ! Cela semble trop beau pour être vrai. Pourtant, ce rêve est devenu une réalité pour certains emprunteurs danois et belges. Et pour cause : depuis des mois, le taux d’intérêt de leur prêt immobilier est descendu en dessous de… zéro. Effarant, ubuesque, rocambolesque… Les qualificatifs manquent pour décrire cette situation, tant elle paraît absurde. Certains analystes parlent même « d’aberration économique ». Il faut garder à l’esprit qu’un taux d’intérêt est censé rémunérer le service rendu (renoncer à disposer de son argent pendant une période de temps précise), mais aussi le risque pris par le prêteur. Or, lorsque les taux sont négatifs, c’est tout l’inverse qui se produit. Ce sont alors les banques qui doivent payer des intérêts aux emprunteurs, ce qui va vraisemblablement à l’encontre du bon sens. Bien entendu, les banques ne versent pas directement de l’argent sur le compte de leurs clients et encore moins leur faire un chèque. Dans la réalité, les choses se passent autrement. Par exemple, si un emprunteur rembourse tous les mois 700 € en capital, et que le taux variable lui rapporte 60 €, il devra payer seulement 640 €. Ce qui laisse penser que le prêteur rembourse lui-même une partie du capital. Des taux négatifs en France, un scénario improbable Mais comment cela peut-il être possible ? L’explication est toute simple : le taux de l’Euribor, sur lequel sont indexés les crédits à taux variables, n'a cessé de plonger ces dernières années. Son composant, l’Euribor 3 mois, est par exemple passé de 0,076 % en janvier 2015 à -0,245 % en mars 2016. Or, les taux variables ont la particularité d’être réévalués annuellement en fonction de l’évolution de cet indice de référence. Résultat : une fois les marges bancaires appliquées, certains emprunteurs chanceux, qui se sont endettés il y a quelques années, ont pu bénéficier aujourd’hui de taux en dessous de 0 %. La question qui se pose maintenant est de savoir si les emprunteurs français peuvent espérer un jour voir leur taux devenir négatif. Malheureusement, ils n’auront pas cette chance, puisque les prêts à taux variables sont très peu pratiqués en France (ils ne représentent que 1,4 % de la production en 2015), mais surtout que la majorité des taux variables sont « capés », c’est-à-dire avec des limites à la hausse et à la baisse. Enfin, le Code civil français interdit aux banques d’accdes prêts à des taux en dessous de zéro.