Descendus sous le seuil symbolique des 2 % en mars 2016, et encore en baisse en avril, les taux de prêts immobiliers ont battu tous les records. Mais tous les consommateurs n’en profiteront pas. Baisse des taux sur toutes les durées d’emprunt La décision de la BCE de maintenir son principal taux directeur à zéro permet aux banques de prêter à des taux très attractifs. Partie de 2,15 % en janvier, puis 2,09 % en février, la moyenne des taux immobiliers n’était plus que de 1,97 % en mars selon l’observatoire Crédit Logement/CSA sur toutes les durées (hors assurances et garanties). Ces taux d’emprunt bas, conjugués à l’absence d’inflation sur les 18 derniers mois, bénéficient particulièrement aux détenteurs d’un prêt à l’habitat récent et qui le renégocient. En effet, le différentiel entre les 4 % d’il y a quelques années et les 2 % actuels promet des économies substantielles. Les bénéficiaires des taux bas Un avantage qui explique les 30-40 % de renégociations observées sur le volume total de crédits immobiliers accordés depuis 2015. Encore faut-il se situer dans les premières années de remboursement, lorsque la proportion d’intérêts dans chaque mensualité est la plus élevée. Enfin, pour couvrir toutes les charges annexes engendrées par l’opération, l’écart entre les deux taux doit excéder 0,7 à 1 point. Parmi les bénéficiaires de ces taux historiquement bas, on retrouve également les excellents profils d’emprunteurs. Présentant une situation financière solide, déjà propriétaires d’un bien immobilier, fournissant un apport personnel conséquent, ils sont choyés par les banques. Les primo-accédants aussi reviennent progressivement sur le marché après une exclusion due à la flambée des prix dans les grandes villes. Toutefois, la propriété reste difficilement accessible aux jeunes. De manière générale, le poste « logement » accapare encore 22 % du budget mensuel des Français, voire 30 % pour les moins de 30 ans. Des profils lésés cependant… D’autres, en revanche, perdent leurs chances d’accès au crédit. La crise financière ayant poussé les banques à durcir leurs conditions d’octroi, différents publics ne répondent plus aux critères fixés. Ce sont les chômeurs, les jeunes travailleurs en CDD ou intérimaires, sans stabilité professionnelle, ainsi que tous ceux qui ne disposent pas d’une épargne suffisante pour constituer l’indispensable apport personnel. Enfin, les familles monoparentales, les célibataires et les seniors sont également considérés comme une catégorie « à risque » du fait de revenus faibles. Les taux accentuent donc les inégalités. Or, leur tendance baissière devrait se poursuivre jusqu’en 2017 au moins aux dires de la BCE.