Afin de combler le déficit de logements et répondre à la demande croissante, entre 380 000 et 520 000 logements doivent être construits chaque année dans les années à venir. Cependant, l’évolution des aspirations des Français et la raréfaction du foncier nécessitent l’adoption de nouveaux modèles d’habitat. Dans les 5 à 10 prochaines années, 1,7 million de biens existants pourraient être réhabilités pour répondre aux besoins en coliving et en habitat intergénérationnel, sans artificialisation des sols. Le secteur de la construction est en berne sous l’effet de plusieurs facteurs Le marché immobilier tricolore est en berne sous la pression de plusieurs facteurs. En premier lieu, le coût des matériaux a flambé en raison de problèmes d’approvisionnement à l’échelle mondiale. Ensuite, en 2022 et 2023, les taux d’intérêt ont connu une forte progression après une longue période de stabilité à des seuils inédits. Couplée aux conditions d’emprunt strictes imposées aux banques par le HCSF, la cherté du crédit a entraîné une chute de la demande. S’y ajoutent la suppression ou la réduction progressive des dispositifs d’incitation fiscale en faveur du neuf, et les contraintes liées à l’objectif ZAN, qui pèsent sur la disponibilité et le prix du foncier « artificialisable ». Enfin, pour les propriétaires-bailleurs sont parfois réticents à réaliser les travaux de rénovation énergétique. Malgré l’existence d’aides et la possibilité de mieux rentabiliser un investissement locatif en appliquant un loyer plus élevé justifié par un meilleur confort thermique, le montant de la dépense reste dissuasif. ImportantLes constructeurs, aménageurs et collectivités doivent par conséquent trouver des alternatives pour parvenir à alimenter le stock de logements nécessaire. Plusieurs pistes sont explorées, comme la surélévation ou l’exploitation de terrains sous-utilisés. L’évolution du paysage familial favorise l’émergence de différents modes d’habitat D’après le rapport de start-up spécialisée en open data territoriale, les structures familiales en France se sont considérablement resserrées entre 2009 et 2020. Le nombre de couples sans enfant a ainsi augmenté de 6 %, tandis que celui des foyers avec enfant(s) a diminué de 2,8 %. En revanche, les familles monoparentales ont bondi de 22,8 %, dépassant le cap des 3 millions en 2020. Or, ce type de ménage recherche majoritairement des appartements de petite taille de type T2 ou T3, ou d’autres solutions adaptées à leurs contraintes et leur budget. En parallèle, l’habitat intergénérationnel rencontre un succès croissant. Il est à la fois adapté aux étudiants aux ressources financières limitées, et aux seniors autonomes qui privilégient le maintien à domicile tout en évitant l’isolement. ImportantLe coliving, un mode d’hébergement en plein essor, offre aux individus modestes une option pertinente pour les exclus d’un parc de logements sociaux saturés. Ce concept leur permet de mutualiser les charges. 30 % des résidences principales sont actuellement occupées par des retraités En outre, les résidences des retraités de 80 ans et plus représentent un potentiel vivier de logements à transformer pour créer du neuf. Terre de Données, a ainsi analysé les statistiques de l’INSEE et dressé un profil des résidences principales en France et de leurs occupants. Environ 9 millions d’entre elles, sur un total de 30 millions en France (soit presque 3 sur 10), sont détenus par des retraités. En 2020, les locataires ou propriétaires de 2,8 millions d’habitations étaient âgés de 80 ans ou plus. Les appartements de type T4, voire plus grands, représentaient 63 % de l’ensemble (1,7 million). Considérant les décès et des entrées en établissements spécialisés pour seniors (EHPAD, résidences services...), une proportion importante de ces biens devrait venir améliorer l’offre immobilière (vente ou location) d’ici 5 ou 10 ans. En réaménageant ces espaces, les acteurs professionnels et institutionnels de la construction ont l’opportunité de proposer de nouveaux logements adaptés aux besoins d’aujourd’hui et de demain. A retenir La construction de 380 000 à 520 000 logements par an est nécessaire pour répondre à la demande croissante, mais le secteur est en difficulté en raison de l’augmentation des coûts des matériaux, des taux d’intérêt et des contraintes réglementaires. L’évolution des structures familiales et les aspirations des Français favorisent l’émergence de nouveaux modes d’habitat tels que le coliving et l’habitat intergénérationnel. Les logements occupés par les retraités, notamment ceux de plus de 80 ans, représentent un potentiel important pour la transformation et la création de nouveaux logements.