Les logements les moins bien classés énergétiquement ont davantage été vendus à des ménages aisés qu’à des foyers modestes. Une statistique étonnante, alors qu’il s’agit généralement de biens moins coûteux à l’achat, et donc à portée du plus grand nombre. Explications. Des logements mal isolés qui attirent les plus fortunés ? Cela semble paradoxal, mais c’est pourtant l’information qui ressort du dernier Observatoire Crédit Logement/CSA du 16 avril. D’après l’étude, qui a observé l’impact du diagnostic de performance énergétique (DPE) sur l’attitude des acheteurs immobiliers, les logements les moins performants énergétiquement sont davantage plébiscités par les plus riches. Des passoires thermiques moins onéreuses mais dans le viseur des plus aisés Pour rappel, le DPE attribue aux logements une note de A à G, selon qu'ils sont plus ou moins énergivores et émetteurs de gaz à effet de serre. L’étiquette A correspond à aux biens extrêmement performants sur le plan énergétique, tandis que l’étiquette G équivaut aux logements les plus énergivores, ceux que l’on appelle “passoires énergétiques”. Entre 2015 et fin mars 2024, près d’un quart des acheteurs (20,9%) de logements estampillés F ou G gagnaient l’équivalent d’au moins 5 SMIC, c'est-à-dire près de 1 400 euros nets au 1er janvier 2024. Pourtant, on pourrait penser que ces biens soient davantage sollicités par les plus modestes. En effet, étant mal notés, ces logements sont logiquement moins onéreux et donc plus accessibles. L’année passée, un logement classé G se vendait près de 10% moins cher au mètre carré qu’un autre classé D, par exemple. Des travaux de rénovation coûteux que les plus riches peuvent assumer Pour autant, il ne faut pas prendre en compte le seul coût d’acquisition du bien. Si les plus riches semblent se ruer davantage sur les logements les moins bien notés, c’est parce qu’ils seront moins affectés que les ménages modestes par le coût de la rénovation énergétique à assumer ensuite. « La capacité que les ménages les plus aisés ont à financer des travaux une fois l'acquisition réalisée explique une large part de cette situation, a priori singulière », souligne les auteurs de l’enquête. Enfin, contrairement aux idées reçues, les passoires thermiques sont d’autant plus dans le viseur des acheteurs que les banques ne semblent pas réticentes à accorder des prêts pour financer ce type de logements. En effet, d'après l'Observatoire Crédit Logement/CSA, “la répartition des achats financés à crédit de 2015 à 2024 ne permet pas de constater un recul des financements accordés aux F et G”. Au contraire, ces dernières années, les passoires thermiques se sont mêmes vendues davantage que les logements classés A ou B.