Le marché immobilier en Île-de-France est en train de connaitre un certain chamboulement. Les jeunes sont de moins en moins nombreux à acheter des biens, à l’inverse des professionnels libéraux et des retraités. Cette tendance s’est accélérée ces dernières années, avec une baisse de 5,4 points de la part des moins de 40 ans parmi les acquéreurs entre 2022 et 2024. En revanche, la part des plus de 50 ans a connu une évolution de 6,3 points sur la même période. Le rêve de la propriété s’éloigne pour les jeunes en Île-de-France Les notaires du Grand Paris ont analysé l’évolution du profil des acheteurs de logements anciens en Île-de-France sur les deux dernières années et depuis 2009. Ils ont observé que L’âge médian des acquéreurs est passé de 38 à 40 ans sur cette période. Désormais, les moins de 30 ans représentent seulement 20,3 % des nouveaux propriétaires, en recul de 4,6 points depuis 2009. De son côté, la tranche des 31-40 ans pèse pour 31,2 %, un chiffre en légère baisse par rapport aux 32,9 % enregistrés en 2009. Les acheteurs de 40 à 60 ans constituent maintenant 35,5 % de la population des acquéreurs immobiliers, comparativement à 32,5 % auparavant. Enfin, la proportion des plus de 60 ans atteint 13 %, contre 9,8 % en 2009. Certains spécialistes du secteur attribuent cette progression aux conditions de marché, plus favorables aux secundo-accédants, généralement plus âgés. L’opération est plus délicate pour les plus jeunes, même ceux qui perçoivent des revenus relativement confortables. En effet, ils manquent d’ancienneté dans leur carrière ou ne sont pas encore stables professionnellement, et n’ont pas eu le temps de se constituer un apport personnel suffisant. Des inégalités entre les catégories socioprofessionnelles Les cadres restent fortement représentés au sein de la population des acquéreurs immobiliers. À 39,8 % en 2024, leur part est en léger recul par rapport à 2022 (40,1 %), mais nettement supérieure à son niveau de 2009 (27,2 %). À l’inverse, la proportion d’employés et d’ouvriers devenant propriétaires de logements diminue drastiquement. De 12,7 % et 5,2 % respectivement en 2029, cet indicateur est tombé à 7,1 % et 3,5 % cette année. Les professions libérales sont la seule catégorie active à aller en contresens pour 2024, avec une part qui atteint 6,4 %, soit 2,8 points de plus qu’en 2009. Les conséquences d’un marché immobilier réservé à une élite Ce phénomène s’explique par plusieurs facteurs. D’une part, les prix des biens immobiliers ont augmenté de manière importante ces dernières années, ce qui complique l’accès des jeunes à la propriété. Ils sont ainsi de plus en plus nombreux à choisir de louer plutôt que d’acheter. D’autre part, avec la forte remontée des taux d’intérêt, le crédit immobilier est encore plus difficile à obtenir. Cette évolution du marché a des conséquences importantes pour l’ensemble de la société. Elle risque de creuser les inégalités entre les générations et entre les catégories socioprofessionnelles. Le défi pour les pouvoirs publics et les experts du secteur est donc d’adopter les mesures nécessaires afin d’éviter l’exclusion totale des jeunes et des moins favorisés du marché. À retenir Le marché immobilier en Île-de-France connait une évolution marquée par une baisse des acquéreurs jeunes, tandis que les plus de 50 ans et les professions libérales sont de plus en plus nombreux à acheter. Les cadres dominent désormais le marché des acquéreurs, alors que les ouvriers et employés voient leur part diminuer, les professions libérales étant la seule catégorie active en hausse. La hausse des prix immobiliers et des taux d’intérêt contribue à rendre l’achat difficile pour les jeunes, entraînant un creusement des inégalités intergénérationnelles et socioprofessionnelles.