Alors que les prix de l’immobilier ont commencé à doucement reculer en 2023, certains professionnels du secteur estiment que la baisse devrait s’intensifier en 2024. D’autres en revanche sont plus pessimistes. Décryptage. Après plusieurs années de hausse, les prix de la pierre ont enfin baissé en 2023. Selon une récente étude de Meilleurs Agents, ils ont reculé de 1,8% en moyenne sur l’ensemble de l’Hexagone. Une première depuis 2015, d’après le site d’estimation immobilière en ligne. Dans certaines villes, le repli a même été plus prononcé. A Nantes et Lyon par exemple, les prix ont diminué de respectivement 8% et 6% en un an. Et comme un symbole, la pierre parisienne est passée sous le seuil des 10 000 euros le mètre carré en septembre, pour s’élever aujourd’hui à 9 644 euros en moyenne. Des acheteurs aux abonnés absents en 2023 L’an passé, certains vendeurs ont, semble-t-il, commencé à prendre conscience qu’ils devaient être moins gourmands s’ils voulaient céder leur bien. Il faut dire que la conjoncture n’était pas vraiment favorable aux acheteurs. En effet, les taux de crédit ont continué de flamber, en passant en moyenne de 2,75% début janvier, à 4,50% fin décembre, selon le courtier Meilleurtaux. Quant à l’inflation, elle s’est établie en moyenne à 3,7% sur l’ensemble de l’année, d’après l'Insee. Ainsi, malgré la baisse de prix concédée par certains vendeurs, les acheteurs n’ont pas été au rendez-vous l’an passé. En effet, seules 875 000 transactions ont été enregistrées dans l’ancien, selon les données publiées par la Fédération nationale de l'immobilier (Fnaim). Alors qu’elles dépassaient le million en 2022. Une baisse de prix trop restreinte pour convaincre Il faut dire que la baisse des prix n’a pas été suffisamment importante pour inciter les acheteurs à passer à l’acte. Et surtout, elle n’a pas compensé l’explosion des prix survenue en 2022. Pour rappel, ceux-ci ont grimpé de 4,6% en moyenne sur l’ensemble du pays, selon les chiffres de Meilleurs Agents. Par ailleurs, si les prix ont effectivement baissé dans certaines grandes métropoles, il faut rappeler que "ce sont des villes qui ont vu leurs prix exploser sur les cinq dernières années" analyse Delphine Herman, directrice des relations extérieures et des projets transverses chez Guy Hoquet. Sans compter que la baisse globale des prix enregistrée en 2023 masque certaines hausses. “On a des villes moyennes assez facilement accessibles depuis Paris, comme Colmar, Le Mans ou Tours, sur lesquelles les prix au pire se sont stabilisés, voire ont continué à augmenter”, ajoute Delphine Herman. Des professionnels de l’immobilier divisés sur la baisse de prix à venir En 2024, le marché va-t-il enfin redevenir plus propice aux acheteurs ? C’est l’avis de plusieurs spécialistes du secteur, qui estiment que la baisse des prix va s’accélérer. « Le marché devrait connaître une baisse mécanique de ses prix assez forte au moins jusqu'au printemps avant d'enchaîner sur une période d'accalmie », prédit Meilleurs Agents. Le site d’estimation immobilière mise sur une chute des prix de 4% en moyenne au niveau national. Le groupe BPCE (Banque Populaire, Caisse d'Epargne et Natixis) va plus loin, et pronostique une chute globale de 6% à fin décembre. En revanche, Delphine Herman est moins optimiste. “La baisse pourrait continuer, mais dans des proportions qui ne seront pas plus importantes que sur 2023”. Deux raisons sont avancées par l’experte. “La première, c'est que la demande sera toujours supérieure à l'offre, surtout si les banques recommencent à prêter. La seconde, c'est que la stabilisation des taux va faire revenir les acheteurs”. Mais au moins, “il sera plus facile de trouver un financement et qui plus est, moins couteux”, souligne Maël Bernier, la porte-parole de Meilleurtaux. De quoi rassurer les acheteurs.